Avertissement aux lecteurs / suiveurs,

les articles tournent actuellement au ralenti,

que voulez-vous, il faut bien suivre le rythme, celui-ci étant in vacancy,

plus nonchalant,

pour autant,

dans la valise, ou plutôt dans le sac bowling, de quoi tasser / lester la serviette de plage…

Première rencontre avec Jay McInerney, et épisode de la saga de la famille Calloway (que l’on peut lire indépendamment), qui oscille entre train-train quotidien dans son loft à Manhattan et ondes sismiques, chocs et revers de l’après 11 septembre …Corrine et Russel incarnent le couple idéal, version urbain chic, gratin mondain,

P.212″ Tu as peur? Demanda-t-elle/ Bien sur/ de quoi, de mourir ?/ pas tant de mourir, que de mourir avant d’avoir compris le but de mon existence. Avant d’avoir accompli quelque chose./ je suis sur que tu as déjà accompli des tas de choses/ j’ai facilité les flux de capitaux d’un bout à l’autre du globe comme une abeille insouciante qui transporte sa part de pollen… j’ai décidé qu’il devait y avoir autre chose de plus crucial que je pouvais faire… Je ne m’imagine pas, après tout ça, retourner au bureau tous les jours. Mais je n’ai pas la moindre idée de ce que je vais faire à la place. J’ai pensé à Guillermo, je me suis demandé ce qu’il aurait fait s’il avait su qu’il lui restait si peu de temps. Qu’est-ce qu’il a laissé derrière lui ? Quelques amis et un superbe loft« .

aux abords de la quarantaine le rêve américain dans toute sa splendeur, ils mènent leur barque, c’est la belle vie, scénariséedans la représentation,

P.237″ On est tous en train de réévaluer nos vies. Tout le monde se demande ce qui compte vraiment./ A notre age, les nouveaux départs sont plus difficiles à prendre. Les choses s’accumulent. Ce n’est pas parce qu’on a subi une attaque que toutes les ardoises sont effacées. Je ne peux pas oublier tout ce qui n’allait pas entre nous ces derniers temps sous prétexte qu’on a peur de l’avenir. »

mais cette belle vie ne risque-t-elle de sombrer/voler en éclats devant les événements ?

P. 167″ l’humeur globale était au repli discipliné, la crise générale semblait, pour le moment, avoir instillé un sentiment d’identité et de projets communs dans les pulsions anarchiques de la courtoisie ordinaire. L’intimité renforcée des corps en sueur était étrangement réconfortante… l’héritage serait-il celui-ci : des accouplements de temps de guerre, des rapprochements soudains, des fornications frénétiques dans les cages d’escalier et des placards à balais ?… « 

« Il lui fallait bien admettre que durant plusieurs années, il avait été fier de pouvoir financer cette version de la belle vie.p.120 »

Une écriture fluide, découpe au scalpel

un épisode doux-amer teinté de sentimentalisme et de romance, ce qui n’est pas pour me déplaire, portraitiste d’une satire sociale et d’une autre réalité,

face aux chocs, le désarroi,

les doutes, la conscience et le devoir de mémoire collective, le temps de,

le temps d’y croire,

« P.247 s’il arrivait quoi que ce soit, il n’avait pas envie d’être séparé d’elle, de se retrouver chacun à un bout de la ville, l’un d’eux piégé dans un immeuble ou dans une rame de métro emplie de gaz ou d’armes chimiques. « 

un peu…plutôt que la belle vie, les versions, les regards sur la belle vie peut-être…

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Extraits choisis, sélection :

« A une heure et demie, les touristes et les dîneurs avaient depuis longtemps disparu, remplacés par les oiseaux de nuit… »p.87

La madeleine proustienne version américaine « Le pouvoir mnémonique d’un simple sandwich.Une bouchée suffisait à le transporter au coeur d’un pique-nique avec sa mère_une journée passée à cheval, l’odeur de crottin et d’herbe coupée, la joie simple de l’avoir toute à lui la journée.Encrypté dans le même sandwich se trouvait la saveur intacte d’un danger imminent éprouvée en primaire, lorsque Chuck Johnson, qui, parce qu’il avait redoublé, était aussi grand qu’un adolescent, était allé attendre Luke sur le terrain de tetherball, alors que ce dernier mastiquait lentement à la cantine.p.151 »

« L’âge mûr et la paternité avaient depuis longtemps érodé son sentiment d’invulnérabilité.p172 »

« Elle a de la fumée dans les yeux tout le temps. Elle pensa alors à cette vieille chanson « Smoke Gets in Yours Eyes, qu’ils mettaient sans arrêt, la version de Bryan Ferry…p.278

Corrine « …mais aussi parce que cette maison et le paysage sévère et balayé par les vents de cette petite île disaient quelque chose de ses goûts, de son héritage et de sa vision de la belle vie »p.320

« – Les livres sont les objets les plus merveilleux qui soient, tu ne trouves pas?
Il eut l’air surpris, se rendit-elle compte, de la banalité de cette réflexion.
– Je veux dire, parce que ce sont des objets informes, ils ont une existence physique, comme nous. Mais chaque livre est l’actualisation d’une forme platonicienne – l’idéal, la création d’un auteur, qui existe indépendamment de l’objet réel. Et ils sont là, posés sur l’étagère: comme si l’idéal restait latent jusqu’à ce qu’on s’empare du volume pour se connecter à l’esprit d’un homme ou d’une femme qui parfois est mort depuis longtemps. Et, dans le cas des romans, avec un monde qui n’a en fait jamais existé. »p.328
Me reste alors à retrouver les autres épisodes, une jolie découverte donc…
M.G