Ce n’est pas si courant de proposer une histoire d’amour
entre séniors,
Marcel a du caractère « Il aime la musique chaâbi, les étoiles, les cabanes perchées et un vieux rhinocéros solitaire. » ,
Marguerite est plus effacée,
« Elle aime Françoise Sagan, les éclairs au chocolat, écouter Radio Bonheur et fleurir les tombes ».
mais voilà,
ils sont en veuvage,
ils ne sont pas condamnés pour autant »Hier encore, Marcel se serait reconnu dans cet homme voûté par le poids de la tristesse. L’impossible choix entre mourir et vieillir. Les solitudes se croisent mais ne s’apaisent pas. Passer de l’enfance à l’âge adulte, c’est perdre une à une ses illusions. De l’âge adulte à la vieillesse, ce sont d’autres renoncements. Parfois la tête se dégrade plus vite que le corps. Parfois, c’est le contraire. » ...
La romancière belge évoque avec tendresse leurs histoires respectives et les entraves d’une nouvelle relation, les réactions des enfants : « Marguerite se rappelle les paroles de Frédéric : « Ça ne te réussit pas la montagne. » Il n’a pas tout à fait tort. Elle a autorisé de vieux rêves d’adolescente à remonter à la surface. Tout ce cinéma pour un vieux bonhomme défraîchi. Ça n’a aucun sens. Elle se lève, laissant Paulette à ses neveux. Les magazines de salles d’attente l’ont trompée. Quand on est veuve, c’est pour toujours! Allez, deux Doliprane et au lit.
Sans compter la bienséance, le qu’en dira-t-on, les rumeurs, les regards… alors que
« Je suis retraité mais le coeur n’a pas de rides. (p.222) «
215 Pages pour être touché et accompagner Marguerite et Marcel, et ils ont beau âgés, ils ne sont ni séniles,
ni fous,
ni déments,
ils sont juste
« Deux gamins désobéissants, voilà ce que nous sommes devenus.Nous refusons d’écouter les : « Soyez prudents.Vous allez prendre froid.Ce n’est pas raisonnable. Regardez plutôt la télévision. » Nous n’avons pas envie d’être raisonnable et nous avons l’impression de connaître par coeur le jingle de l’émission Des chiffres et des Lettres.A force de rester assis nous finissons toujours par avoir mal aux fesses.Il nous faut des valises, des guides de voyage, découvrir d’autres horizons à perte de vue, changer d’air encore une fois, réchauffer nos vieux os au soleil, humer des parfums différents, entrer dans l’église d’un petit village que nous ne connaissons pas. Savourer la vie jusqu’au bout, tant que nous avons encore de la force et des jambes assez solides pour oser un détour. »p. 201
M.G