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Lectures indélébiles Ecritures vagabondes

Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

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Récit de vie suite…Les mains bleues et Christophe Martin.

D’actualité, et toujours dans l’idée de tranches de vie,

mouvance de réalisme sociale avec ce petit recueil qui évoque la délocalisation d’une usine Levi’s : le couperet tombe, 541 licenciés, laissés sur le carreau, pour certaines (ce sont pour beaucoup des femmes)…et présentation de la démarche : (édition l’Eglantine)

4ème : » Vingt-cinq ouvrières du textile ont tramé, tissé, coupé, cousu et ourlé pour nous des ribambelles de mots. Elles parlent d’elles, de la vie à l’usine et de l’usine dans leur vie. L’atelier, la maison, les cadences, le ménage, la contredame, les courses, les copines, les maris, les collègues, les enfants… le tourbillon de leur vie. Un beau jour, un mauvais jour de 1999, l’usine a fermé. Que sera demain ? Que faire ? Parmi les 541 licenciés de l’usine Levi’s à La Bassée (Nord), combien ont retrouvé du travail avant fin 2000 ? Vingt-cinq ont relevé le défi de l’écriture avec Christophe Martin, auteur de théâtre. Elles donnent du travail à un metteur en scène, des musiciens, un chorégraphe, et aussi à un éditeur, un illustrateur, un imprimeur, etc. A quand leur tour ?

Les mains bleues et Christophe Martin par Les Mains bleues

Les tons sont variés : colère, tristesse, amertume, dégoût, avec des textes comme « Rayons de soleil » »l’usine », »machines »je n’irai jamais », « sois sage ô ma douleur », « deuxième journée » chômage » ou le plus virulent mais non dénué d’un certain humour « lettre au pdg de l’usine »p.106. et alternance des voix,  par la forme : dialogue, nouvelle histoire d’une vie construite autour de Lévi’s, lettre, poésie version élégiaque ou complainte, épistolaire…

Préface

« sang bleu »

« Elles sont l’aristocratie du peuple, celles qui ont vaincu le silence et su pleurer et rire entre des lignes qui dansent encore; larmes noires et rire d’or danseront longtemps dans ma mémoire »  « le monde n’est pas une marchandise moins encore une machine. Les mains bleues, langues usées et yeux délavés, cuisinières et couturières célestes.. »p.13

Pas de col blanc, Les Mains bleues..les petites mains, celles qui oeuvrent et se colorent de teinte blue jean, 501, du bleu oui des bleus certainement..d’autres couleurs aussi ici

p29 : énumération » Une atmosphère colorée___un sol gris___des chaises noires___des ventilateurs blancs____des machines bicolores___des blouses roses___des jeans bleus__-des rires___des pleurs___ »

Un douloureux compte à rebours, rétrospectif

« le 15 avril, les lettres de licenciement.

le 16 avril, naissance de mon petit-fils.

le 23 avril, mon mari, mon amour …est parti… »p.56

Archive INA , extrait « https://fresques.ina.fr/mel/export/player/Lillem00024/360×270

Le conflit des générations, la mère et la fille « tu deviendras couturière, ma fille » vous devinez l’enthousiasme débordant de l’ado! et les journées interminables c’est pas métro-boulot-boulot c’est « deuxième journée »

« Mettre les poubelles

faire les poussières

faire la vaisselle

faire la lessive

tondre

laver la cuisine

laver la salle de bain…etc.. »

Puisqu’il faut faire face au désarroi, puisqu’il faut avancer, je choisis cet extrait pour son côté plus piquant…

« Lettre au pdg de l’usine »

Cher enfoiré

Depuis un an que tu m’as larguée, je ne peux t’oublier, toi mon cher pdg.Tant d’amour pendant vingt ans pour au final me laisser tomber, moi, petite Française disciplinée asservie à ta cause, au profit d’une petite Turque pour laquelle tu seras inévitablement le messie.

(…)

Je ne te remercierai jamais assez de m’avoir fait connaître ces merveilleux endroits si fréquentés et de surcroît gratuits que sont l’ANPE et l’ASSEDIC. Le personnel y est charmant, très compétent et surtout disponible.Je m’étais dit que j’irais peut-être un jour, si l’occasion se présentait.Eh bien, grâce à toi, c’est fait plus tôt que prévu.Mes mains te remercient également, elles toujours si bleues, c’était lassant, maintenant elles sont devenues noires à force de consulter les petites annonces. Histoire de rompre la monotonie. »

126 pages qui témoignent…

M.G

 

 

Avez-vous La tête de l’emploi, Foenkinos D.

Déjà évoqué cet auteur, l’engouement pour les prénoms ne se dément pas et fait toujours un peu sourire du coin des lèvres, je dirai maintenant que c’est un peu le plat signature que j’attends avec impatience alors que je m’empare d’un de ses livres,

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quelques morceaux choisis :

« On n’a pas toujours besoin de mots. Nous nous aimons comme des mollusques doivent s’aimer. Et je crois que cela me convient plutôt bien. »

du premier choix :

« Avec un Bernard, on peut passer une bonne soirée. Bernard impose une sorte de familiarité tacite, pour ne pas dire immédiate. On n’a pas peur de taper dans le dos d’un Bernard.(…) Comment dire? En somme, je ne trouve pas que ce soit un prénom gagnant.(…)En tout cas, avec un tel prénom, je n’allais pas révolutionner l’humanité. »

« Ma vie se mettait en adéquation avec une intuition de l’échec qui sommeillait en moi depuis toujours. »

« Je rencontrai ma conscience, ce terrain broussailleux, semé de nombreuses incompréhensions et de quelques frustrations , d’une forte dose de nostalgie et d’un peu de mélancolie, d’envies enfouies et de désirs écrasés, le tout formant une sorte de docile chaos. » J’aime beaucoup cette expression de docile chaos.

« Tout aurait été différent si je m’étais appelé Jean-Bernard. » Ou peut-être pas

« Je comprenais maintenant qu’il ne faut pas forcément poser des mots sur les émotions pour qu’elles existent .Certains sentiments sont des souterrains, et on ne peut rien prononcer dans cette pénombre du coeur. »

Ce Bernard est loin de m’être étranger, il est sympathique et porte un côté Pierre Richard en puissance que je reconnais bien, petite catastrophe ambulante sur pattes qui traverse les vicissitudes de la vie avec toute sa gaucherie, qui le rend pourtant bien  attachant.

 

 

 

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