Recherche

Lectures indélébiles Ecritures vagabondes

Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

Tag

témoignage

Par coeur, Gilles KNEUSE.

Par coeur par Kneusé Je remercie une nouvelle fois Babélio dans le cadre de la dernière opération Masse critique et les éditions Maucaonduit,

en particulier pour les petites attentions, glissé dans le livre, l’article « Piccoli en scène: le dernier combat par Gilles Costaz ( web-théâtre ), et les deux marque-pages personnalisés par l’éditrice.

Par coeur,

pourrait être lu comme un aveu de faiblesse,

« _Dis-moi, je peux te poser une question?

_Oui, bien sûr.

_Tout à l’heure, quand on va jouer,si jamais tu as un trou, comment veux-tu qu’on fasse? » p.18

l’acceptation que la mémoire de l’ami, du comédien flanche, s’use, rien de plus terrible alors... »Mais il parlait aussi de sa mémoire qui s’en allait, de sa difficulté aujourd’hui à travailler, et de la douleur de ne plus pouvoir jouer » p.11

C’est le constat que fait Kneusé qui devient « souffleur » pour Piccoli monstre sacré, il raconte à la manière de fragments de mémoires,

« Mais quoi que je fasse, je garde toujours un oeil près du texte. De l’autre, je le surveille. » p.64,

d’autobiographie,

la fameuse représentation de Piccoli, dans Minelli.

Le style est feutré, intimiste, doux, à la hauteur de l’hommage rendu au grand personnage.

Ce témoignage touchant, tout en délicatesse, se compose de 25 épisodes comme autant d’instants figés, de souvenirs de coulisse de Kneusé comme « le gigot p.23 », « en scène »p.53, « taxi » p.95

« On ne sait jamais comment cela va se passer, une première.Il y a toujours une part d’inconnu. Il y a eu des répétitions, des filages, chacun a pris ses marques, ses repères. On connaît ses entrées, on connaît ses sorties. On sait ce qu’on a à faire. On sait ce qu’on a à dire.On sait ce qu’on a à faire. Et puis, on y va. Et ce soir aussi, on va y aller. »p.45

Car « on ne laisse pas Minetti en plan » p.136 ,« on ne laisse pas Minetti en plan », j’espère que vous avez bien compris », on ne laisse pas Minetti en plan »!!

cf :  Gilles Costaz  : « C’était en 2009. Michel Piccoli revenait au théâtre : il jouait Minetti de Thomas Bernhard au théâtre de la Colline, puis en tournée. Mis en scène par André Engel (qui l’avait déjà dirigé dans Le Roi Lear), entouré de Julie-Marie Parmentier, Evelyne Didi, Gilles Kneusé, Arnaud Lechien, le grand acteur fit une prestation remarquable, et cela reste, à l’heure actuelle, son dernier passage au théâtre. L’accueil fut enthousiaste, mais le bruit courut que Piccoli connaissait mal son texte, avait beaucoup lutté contre les trous de mémoire. L’un de ses partenaires, Gilles Kneusé, témoigne aujourd’hui, dans un récit où, par délicatesse, aucun nom propre n’est cité : ni celui de Piccoli, ni celui d’Engel, ni celui d’un autre participant. Seul celui de Kneusé apparaît sur la couverte : il dit je dans le texte, et il dit il quand il s’agit de Piccoli.
Kneusé est un comédien au parcours insolite. Il a d’abord été médecin et chirurgien, jusqu’au jour où, à 36 ans, il a décidé de tout arrêter pour devenir acteur. Et il ne cesse de l’être, au théâtre et au cinéma. Piccoli, de son côté, est un personnage complexe. Bien des personnes qui ont traversé sa vie se demandent encore qui il est. C’est un altruiste très fermé sur lui-même. Que Kneusé se retrouve partenaire de Piccoli dans Minetti n’était donc pas une histoire banale. Elle fut difficile. La rumeur avait raison : Michel Piccoli lutta souvent contre la perte de mémoire, les répétitions et les représentations se déroulèrent dans l’angoisse. Kneusé freina des quatre fers pour écrire et publier son livre. Il explique pourquoi il a brisé ses réticences dans un avant-propos : « J’ai longtemps hésité avant d’écrire cette histoire. D’abord pour égard pour lui, pour son goût du secret et du silence, pur sa pudeur, il me semblait plus juste et plus fidèle de ne pas en parler. Ensuite, parce que j’ai toujours pensé que tout n’a pas à être raconté. Et puis dans un livre paru récemment, il parlait de son métier d’acteur, un métier qu’il qualifiait d’extravagant, avec lequel il s’était régalé, et dont la première qualité était à ses yeux la capacité de savoir s’amuser, s’amuser à oser, en complicité avec ses partenaires… Mais il parlait aussi de sa mémoire qui s’en allait, de sa difficulté aujourd’hui à travailler, et de la douleur de ne plus pouvoir jouer. J’ai pensé que cet aveu le donnait la permission de raconter. » 
Peu de livres sont aussi feutrés, ouatés, silencieux que celui-ci. Kneuzé écoute Piccoli, le caresse du regard. Il n’a pas été chargé seulement d’être l’un des acteurs de cette pièce en désquilibre. (Rappelons le sujet : un comédien en fin de carrière, Minetti, vient attendre en vain un directeur de théâtre dans le hall d’un hôtel d’Ostende, avec l’espoir qu’on lui confiera le rôle du roi Lear). Kneusé a aussi le rôle d’ami souffleur. Dès qu’il sent Piccoli en panne, il doit profiter des silences introduits par la mise en scène pour aller consulter la brochure et revenir murmurer, comme il peut, la phrase à partir de laquelle tout peut repartir. Il y aura beaucoup de petits incidents tout au long des représentations, mais aucun qui mette en cause le déroulement du spectacle jusqu’à sa fin.
Gilles Kneusé écrit comme un médecin et un camarade de jeu attentif, qui économise ses mots et les dépose délicatement sur sa page. D’ailleurs, avec quelques flashes-black, il se souvient de quelques interventions en salle de chirurgie. Il y a quelque parenté entre les deux métiers : il s’agit de sauver un être humain à la dérive en réactivant une fonction arrêtée. C’est ainsi que, dissimulé derrière un élément du décor ou à vue, Kneusé a fait affluer le sang du texte qui s’était immobilisé. Le témoignage est exceptionnel : nous n’en connaissons pas d’équivalent. En général, les acteurs parlent d’eux-mêmes et n’ont pas d’autres observateurs dotés de plume que les critiques ! C’est un très beau portrait de Michel Piccoli, dans l’un de ses derniers combats. Alors qu’il est au bord de l’échec, il refuse de porter une oreillette, il clame qu’il joue cette pièce d’une difficulté extrême pour « s’amuser » ! Sans aucun pathos, sans aucun mot de trop, sans le vocabulaire admiratif qui nuirait à la simplicité du récit, Kneusé donne à voir l’acteur perdu en scène, à la fois apeuré et inébranlable, sur le point de perdre et gagnant sans triompher. Le langage clair et ombreux de Kneusé filme Piccoli merveilleusement. »

Par cœur de Gilles Kneusé, éditions du Mauconduit, 160 pages, 15 euros. »

4 ème :

« Quand il en avait besoin, il se tournait vers moi, me faisait un signe de la main, le bras tendu, il disait « après ? », je lui soufflais son texte à voix haute et il continuait (…). Ça s’était fait tout simplement, sans vraiment le décider. Jour après jour, pendant les répétitions, il s’était habitué à cette manière de jouer. Mais on n’en parlait pas. Il y avait entre nous comme un accord tacite. »

J’ai longtemps hésité avant d’écrire cette histoire. D’abord par égard pour lui, pour son goût du secret et du silence, pour sa pudeur, il me semblait plus juste et plus fidèle de ne pas en parler. Ensuite, parce que j’ai toujours pensé que tout n’a pas à être raconté.

Et puis dans un livre paru récemment, il parlait de son métier d’acteur, un métier qu’il qualifiait d’extravagant, avec lequel il s’était régalé. Il disait que la vie l’avait aidé à apprendre à jouer, et que jouer l’avait aidé à apprendre à vivre. Pour lui, l’acteur parfait, le modèle absolu, c’était Mastroianni, son partenaire dans plusieurs films.

Dans son livre, il parlait aussi de sa mémoire qui s’en allait, de sa difficulté aujourd’hui à travailler, de la douleur de ne plus pouvoir jouer.

J’ai pensé que cet aveu me donnait la permission de raconter.G.K. »

 

N.B :

Piccoli a 83 ans…quand il joue Minetti en 2009,

et, pour aller plus loin,

je propose en lien le dossier de presse http://www.colline.fr/sites/default/files/archive/0.407634001273845653.pdf

Résultat de recherche d'images pour "minetti theâtre piccoli"

En somme, un joli témoignage, rare, qui nous plonge dans les coulisses, les affres et les angoisses des comédiens, mais aussi le jeu, l’improvisation et sa magie, car le plus important n’est-il pas

de s’amuser, de s’amuser…

M.G

Tomber sept fois, se relever huit, Philippe Labro.

Dévoré hier soir,

d’un coup,Tomber sept fois, se relever huit par Labro

comme ça,

ça sonne juste,
c’est terrible ce mal du siècle, ce n’est plus le Spleen,

c’est plus insidieux, plus inexplicable, plus étrange, plus sombre,
c’est différent du blues, de la déprime, de la mélancolie,
c’est l’énergie éteinte, l’extinction du souffle vital et du désir qui vous assaille.

Happé,
comme il le dit, alors même que rien ne semble vous prédestiner, comme une malédiction..mais pas fatidique,
une petite lumière suffit à offrir une échappatoire,

je tombe, tu tombes, nous tombons et chutons tous, mais, je, tu, il, elle, ils, elles, _______________
peuvent______________ se relever…

 » L’horreur de la situation, soudain, vous frappe comme un coup derrière la nuque .Alors, il faut s’asseoir sur le rebord du lit. Vous ne pouvez plus avancer. Vous n’osez plus repasser devant la glace. Vous êtes face au rien, au néant. Nietzsche a écrit : « Si tu plonges longtemps ton regard dans l’abîme, l’abîme te regarde aussi »p.45

Le Narcisse,

« Il peut arriver qu’un déprimé tombe obscurément amoureux de sa brisure. C’est une des perversités de ce mystérieux fléau, avec ce corollaire : le symptôme même de la dépression se nourrit de sa propre nuisance. C’est un monstre qui s’autodévore. p.99″

« Mais on marche.Là réside la différence : on est en mouvement.La dépression, c’est une manière de mort, et la vie, comme la pensée, est mouvement.p.177 »

« Il existe une indescriptible allégresse intérieure à ressentir que votre volonté l’a emporté sur votre démon et que l’estime de soi est revenue, que vous en savez un peu plus sur vous-même. Et que ce nouveau savoir constitue une force. Puisque, au delà de l’estime de soi, vient poindre, comme une lumière pour définitivement tuer la nuit, la maîtrise de soi. « p.211

Pas facile d’écrire sur la dépression, une dédicace  de Labro, pour  » Celle__et ceux qui ont aidé » ,p

pas de remède miracle,

juste un témoignage, quelques conseils qui l’ont aidé et qu’il donne,

l’écriture en mode de recul, distanciation, et sans doute un peu thérapeutique,

il est passé par là, a  réussi à s’accrocher pour émerger, et nous livre avec pudeur son histoire, en toute sobriété.

M.G

Récits de vie…fil conducteur.. Un nouveau coeur, un nouvelle vie, Jean Paul Barthélémy.

Certaines causes vous absorbent et marquent davantage même si vous n’en percevez pas immédiatement le sens.

https://i0.wp.com/www.actusoins.com/wp-content/uploads/2015/10/electrocardiogramme_schema.png

Hier,

j’ai eu l’occasion de rencontrer Jean-Paul Barthélémy, soixante-neuf ans, il m’a conté une tranche de vie, pas banale,

la sienne, et m’a laissé un exemplaire dédicacé de son récit.

Ce fragment intime, autobiographique, relativement court, n’a d’autre but et d’ambition que de se livrer, confier une tranche de vie difficile, une » épreuve » au sens propre, tout en étant « hommage à tous les chercheurs, à tous les praticiens » et un remerciement « au personnel qui l’a soigné  avec tant de compétence, d’amabilité. »p.5

Son portrait est brossé le « je » nous convie d’emblée à la simplicité :

« J’ai toujours aimé le sport. Il est pour moi synonyme de bien-être du corps et de l’esprit », caractérisé par « une véritable passion » p.7, une évidence, que de se définir ainsi, parce indissociable des événements à venir…qui témoigne aussi d’une hygiène de vie/ascèse et d’une combativité certaine. Du cyclisme, de la compétition, puis la course à pied, le semi-marathon rythment sa vie de sportif, entre préparation physique et performance, et des challenges « je possédais les qualités nécessaires pour les épreuves de grand fond. Une idée allait naître de cette constatation : pourquoi ne pas mettre au service des autres ?  » et l’idée germe..le Paris-Troyes, premier essai le quatorze mars 1995 pour collecter des fonds et acheter un fauteuil roulant…un don…puis recommencer…réessayer pour l’association des Paralysés de France…marathons de Paris, Reims…que de courses effrénées…

2001

un accident de parcours, fatigue, essoufflement certain..que se passe-t-il ?

« coup de massue sur la tête »

descente….« infarctus », « malaises »,

« aggravation » et le verdict tombe, tranchant,

urgence vitale, « implantation cardiaque »,

« être sur la liste », souffrir de l’attente,______________ longueurs

des espoirs, des désillusions…de l’angoisse, une obsession des coups de fils , il faut guetter le courrier, chaque lettre est…

Heureusement, la famille le soutient, c’est une béquille vitale « Mon épouse et mes enfants m’encourageaient, me soutenaient, mais j’avais des moments de défaillance où je croyais que, pour moi, tout était fini. »p.12

Un nouveau coeur…greffé,

une nouvelle vie,

remise à zéro des compteurs, des traitements,  effets secondaires, rechute, un suivi régulier, 20 comprimés  mais un « estomac de jeunot » comme il me le disait hier.

Les larmes lui montent encore aux yeux d’en parler, il repense à ce moment fatidique, veille de Noël, où il est devenu rescapé, grâce à un autre.. » je ne pus contenir mon émotion ».

Alors cette nouvelle vie, il s’y engouffre,

et il milite pour le don d’organes…

une histoire de coeur…

M.G

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :