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Lectures indélébiles Ecritures vagabondes

Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

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épistolaire

Dans les murmures des feuilles qui dansent, Agnès LEDIG.

« Thomas a vite compris que la vengeance ne supprime pas la colère. Il préfère donc la disséquer sur les chemins de forêt, dans les arbres, dans les flaques et les fougères. Dans toute cette nature immense qui n’a que faire des émotions humaines et qui offre en retour et sans conditions la paix d’un vent qui souffle et de feuilles qui bruissent. p.32″

Jeu d’alternances,

Dans le murmure des feuilles qui dansent par Ledig

de la douceur comme toujours,

sans

mièvreries,

de chuchotis aux creux des arbres,
entremêlements de noeuds,
jeux de déconstructions,
reconstructions du nid,

une relation épistolaire entre Anaelle DESMOULINS et Hervé LECLERC, procureur,

« Mademoiselle Desmoulins, (…) Je sais à quel point il est difficile de se faire éditer, et l’idée que mon expertise contribue à l’un de vos romans m’est agréable.Je vous remercie pour votre confiance. »p.19
le temps des échanges,

les curiosités « La surprise d’une lettre »p.13,

« Peu importe les plis »p.65,

« Etre vivant c’est ça qui compte »p.149 »

l’attente des courriers et le reste,

et Thomas, l’amoureux de la nature, qui protège Simon, l’emmène en forêt, un petit morceau pour une vie condamnée, celle de son petit frère,
malade, il faut veiller,

« Mais dans la tempête, vous ne réfléchissez pas, vous vous accrochez au premier arbre venu en espérant qu’il ne se déracinera pas. Thomas s’accroche aux sourires de son frère quand il franchit le sas. Son visage joyeux, c’est l’arbre le plus solide qui soit dans l’ouragan de la leucémie. »p.284 »

« lui faire confiance.Une plante ne se laisse jamais mourir.Tant qu’elle a une chance de survie, elle garde l’espoir. Simon a cette force-là, la force de ses racines, de ses cellules saines, de son envie de pousser et de refaire des feuilles dès que sa sève fonctionnera.L’âme d’un arbre…p.312

car pour ces personnages, il faut..bien..vivre..il faut bien un peu d’espoir
dans les déboires« La vie plus forte que tout. Celle qui crève le bitume »p.160

Agnès Ledig excelle dans la justesse, une écriture fluide, dépouillée, simple qui rappelle la résilience et engage à la réconciliation, voire l’entame d’un guérison.

M.G

 

Histoires (presque) vraies, Françoise Giroud.

Histoires (presque) vraies par Giroud

4ème : « J’aime qu’on me raconte des histoires.

Alors, quelquefois, je m’en raconte à moi-même pour me faire rire ou pleurer, puisées comme tout ce qui s’écrit dans un fonds de souvenirs et de rêveries dont les fils se mêlent.Ici l’aéroport de Pékin, avec le bruit de soie que font les balais, j’y étais. Dans le salon d’Iris de…, aussi. Le chien Platon l’était avant qu’il ne se suicide. J’ai vu Eve se jeter dans un miroir pour effacer son reflet. L’homme à la fièvre verte existe en plusieurs exemplaires ; celui qui conduit trop vite aussi. Léonie, l’épistolière frénétique, est en revanche un cas unique, un pur produit de mon imagination.J’ai connu une Diane, si belle dans sa robe de mariée, avant qu’elle ne succombe au malheur d’avoir une soeur jalouse. J’ignore si je les ai bien devinées toutes deux, ou au contraire trahies…Albine, je me souviens… Je l’ai inventée avace son hic, chez le coiffeur… Mais l’homme à la cassette m’a-t-il dit la vérité quand il m’a confié sa détresse de superstar ? Ou bien l’ai-je imaginée..?Tous ceux-là, plus quelques autres héros de mes histoires sont à la lisière du vrai et de la fiction : je ne sais plus discerner la frontière.D’ailleurs, il me semble que ça n’a aucune importance s’ils font un peu rêver… F.G. »

18 histoires à se laisser conter,

décompte,

de taille variable,

parfois 1/2 pages,

parfois une dizaine,

pléthore de thèmes à apprécier,

quelques titres pour vous donner une idée: initiation avec » Romance à Pékin, « comme elle est belle! », le Reflet, la Voix, Iris de…, la Cassette, Un père en trop, Que faire de Platon? »,

Quelques préférences :

« le Reflet « « Eve s’est présentée chez moi un soir où je ne l’attendais pas Ma journée de consultations avait été longue, chargée, et à toute autre j’aurais fermé ma porte (..).Elle semblait, au vrai sens du mot, évanescente, toujours sur le point de se dissiper dans l’atmosphère..et craignait d’avoir perdu la raison et me suppliait de croire ce qu’elle avait à me raconter ».p.73 3 je me suis sentie définitivement transparente.(…) J’ai perdu mon reflet, docteur, je suis définitivement transparente! » (..) De temps en temps, elle se jette sur un miroir et le casse. C’est un cas d’école. p.77

« Léonie a du coeur » p.79 et une passion pour l’épistolaire, elle devient corbeau, bienveillant..mais est-ce vraiment compatible?

« Pour mémoire »,en l’an 2235, procéder à un échange de mémoires, de souvenirs, mais à quel prix? P.107

« Appelez-là » un appel au secours de Blaise, à qui est-il destiné, à Marie-Ange? Et dans quel contexte? P.123

« Un casse pour Sylla » pour le vert d’une émeraude…

Lu hier, rapidement,197 pages,

le recueil est plaisant, le style sobre et léger, quand simplicité rime avec efficacité…tout bonnement.

 

Françoise GiroudFrançoise Giroud.

M.G

Lettres à un adolescent, anthologie de Camille Laurens.

Lecture de la soirée,

Jolie anthologie qui regroupe 26 lettres d’écrivains,
26 occasions de lire les liens entre des écrivains et leurs rejetons, les fratries.
En toute simplicité, les petits surnoms, sursauts intimistes…

Lettre à un fils, une fille, une soeur,

de Hugo à sa « Didi »,

de Epicure à Ménécée,

de Colette (mère/Sidonie) à  Colette ( fille),

de F.Mauriac à sa fille et à son fils,

de F.Scott Fitzgerald à sa petite « Scottie »et bien d’autres qui nous laissent entrevoir un fragment, une bribe.
Une sélection éclectique, dont la belle lettre de Rudyard Kipling à son fils John, âgé  alors de 13 ans, en 1910.

« Si… Tu seras un homme, mon fils

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaitre,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils

 

Version  musicale

Monsieur Dk/hommage


En complément :

Le poème original en anglais

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good, nor talk too wise:

If you can dream —and not make dreams your master
If you can think —and not make thoughts your aim
If you can meet Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you’ve spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: “Hold on!”

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings —nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds’ worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And —which is more— you’ll be a Man, my son!

Traduction par Jules Castier (1949)

Cette traduction s’approche du texte initial, sans être littérale puisqu’elle est en vers. À la différence de Jules Castier, André Maurois a réécrit et réinterprété le poème en fonction de la culture et de la sensibilité françaises, ce qui lui donne cet élan si particulier.

Si tu peux rester calme alors que, sur ta route,
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi ;
Si tu gardes confiance alors que chacun doute,
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi ;
Si l’attente, pour toi, ne cause trop grand-peine :
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens,
Ou si, étant haï, tu ignores la haine,
Sans avoir l’air trop bon, ni parler trop sagement ;

Si tu rêves, — sans faire des rêves ton pilastre ;
Si tu penses, — sans faire de penser toute leçon ;
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre,
Et traiter ces trompeurs de la même façon ;
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes
Tordues par les coquins pour mieux duper les sots,
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes,
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux ;

Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes
Et le risquer à pile ou face, — en un seul coup —
Et perdre — et repartir comme à tes débuts mêmes,
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout ;
Si tu forces ton coeur, tes nerfs, et ton jarret

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À servir à tes fins malgré leur abandon,
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l’arrêt,

Hormis la Volonté qui ordonne : “Tiens bon !”

Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre,

Ou frayes avec les rois sans te croire un héros ;
Si l’ami ni l’ennemi ne peuvent te corrompre ;
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop ;
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable

De soixante secondes de chemins accomplis,
À toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, — bien mieux — tu seras un Homme, mon fils.

M.G

Ennemis publics, BHL versus Houellebecq ? Ready? Ready-made?

L’épistolaire,

un genre que j’affectionne tout particulièrement,

de l’échange,

stimulations et joutes de mots (maux) comme autant de petits rebonds et revers entre interlocuteurs…Je te questionne, tu me réponds, je t’interpelle, tu reviens sur ce mot, cette idée…minutie oblige, sens de la répartie et provoc aussi, non sans certains égards évidemment.

Toujours ce moment de flottement  quand je lis Houellebecq,

…un temps,

J’ai reconnu et aimé cette comparaison du genre épistolaire aux échecs le rôle de l’anticipation, le frisson et l’impatience de________ l’attente, une  incommensurable lenteur, merveilleusement décrite  par BHL aux parties » à distance »  par opposition aux parties dites » à la pendule » (..)

« on méditait son coup; on le mettait sous pli; on attendait, par retour, le coup fomenté par le partenaire ; les parties duraient des semaines; parfois des mois; Marcel Duchamp, qui n’aimait rien tant que jouer de cette manière, s’engageait dans des parties qui pouvaient durer des années et j’étais, en ce temps-là, éperdu d’admiration pour tout ce faisait Marcel Duchamp (…). »

« Je les ai adorées comme je crois, Duchamp les concevaient : moins un match qu’un jeu; moins une compétition qu’une manière d’inventer et de produire à deux ; un travail de l’intelligence, en somme, avec questions, réponses, passions contrariées, rebondissements, lumières partagées ou occultées, virtuosités, leurres. »p.186

De la littérature de « l’aveu« ,  et de ces interludes pendant lesquels ils avouent tous deux chercher sur le monstre « Google » les derniers écrits, critiques acerbes, ou » mépris » puisqu’ils sont deux « ennemis publics » à abattre, par la meute dont ils se détachent, chacun de sa manière, l’un digne représentant d’un dépressionniste aigu, pessimiste retranché de » l’humanité« , l’autre, plus « intellectuel, » à la marge mais en quête d’aventures et d’humanité, d’affronts, en un sens.

Quelques développements intéressants, divergences sur la Russie, lettres du 12/03/2008, références à Anna pour BHL, digressions sur le Juif, l’Islam,

un brin de lectures et d’analyses psy (vive Freud,  Jung et Lacan !!) pour évoquer la mère toxique et la figure paternelle, « l’empreinte » laissée…p.96. et la théorie du clinamen (déclinaison), Lucrèce et son de Rerum explicité par BHL..

L’art de la biographie, de l’autobiographie surtout, non de la transparence des coeurs façon Jean-Jacques ou Starobinski, non pour ça, tous deux se défendent, plutôt le  goût de la clandestinité, du secret dans l’acte, genèse de l’écriture qui ne peut éclore à la vue, par pudeur, efficace, essence même,

se pousser l’un l’autre,

l’aventure pour BHL « une boxe où l’on se s’affronte, il y insiste, qu’à soi-même et aux limites, toujours repoussées, de ses propres stratagèmes…p.187″

moment où les dissemblances/ rencontres de « monadologies » font face et se nourrissent avec avidité…façon ready-made..

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », dixit Eluard, je n’en doute pas…

La ou plutôt___________ les correspondances, cher Baudelaire,

Correspondances

« La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Ennemis publics par Houellebecq

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.

 

 

Elaboration des stratégies, anecdotes pointées, je redoutais un dialogue pompeux entre deux personnages,

deux écrivains dans la surenchère…

J’ai été agréablement surprise, pas de regret, je l’ai dévoré en deux jours_______ alors qu’il traînait sur mon bureau depuis quelques mois.

M.G

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