
Un pan de l’histoire familiale et de l’héritage narrée en toute simplicité.
« Lorsqu’elle était arrivée au Maroc elle ressemblait encore à une enfant. Et elle avait dû apprendre, en quelques mois, à supporter la solitude et la vie domestique, à endurer la brutalité d’un homme et l’étrangeté d’un pays. Elle était passée de la maison de son père à la maison de son mari mais elle avait le sentiment de ne pas avoir gagné en indépendance ni en autorité »
Belle technique, un équilibre subtil entre le roman familial, la fresque historique et le Maroc colonial de l’après-guerre, les dissensions, les traces du colon et les tensions vives.
4ème :
« En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, le couple s’installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons.
Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits? »
Au pays des autres
cohabitent les colons et les indigènes,
les terres fertiles et les sols arides,
les grands propriétaires et les petits,
les exilés (Mathilde et les natifs (Amine) »,ci, c’est comme ça”. Cette phrase, elle l’entendrait souvent. À cet instant précis, elle comprit qu’elle était une étrangère, une femme, une épouse, un être à la merci des autres. Amine était sur son territoire à présent, c’était lui qui expliquait les règles, qui disait la marche à suivre, qui traçait les frontières de la pudeur, de la honte et de la bienséance. »
les croyants et les infidèles,
« Tous les sentiments qui s’élevaient en eux leur apparaissaient comme une traîtrise et ils préféraient donc les taire. Ils étaient à la fois victimes et bourreaux, compagnons et adversaires, deux êtres hybrides incapables de donner un nom à leur loyauté. Ils étaient deux excommuniés qui ne peuvent plus prier dans aucune église et dont le dieu est un dieu secret, intime, dont ils ignorent jusqu’au nom. »
les femmes….des hommes,
« Aïcha connaissait ces femmes aux visages bleus,. Elle en avait vu souvent, des mères aux yeux mi-clos, à la joue violette, des mères aux lèvres fendues. A l’époque, elle croyait même que c’était pour cela qu’on avait inventé le maquillage. Pour masquer les coups des hommes. »
les soldats, l’ombre de la guerre et l’idée d’une pacification.
« J’ai cru en ce pays, comme un illuminé croit en Dieu, sans réfléchir, sans poser de questions. Et j ‘entends qu’on veut me tuer, que mes paysans cachent dans des trous des armes pour m’abattre, qu’ils me pendront peut-être. Qu’ils n’ont fait que semblant de cesser d’être des sauvages. »
C’est un beau roman,
c’est une belle histoire
avec sa rudesse et sa justesse, que je relierai avec plaisir,
M.G