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Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

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Houellebecq

Ennemis publics, BHL versus Houellebecq ? Ready? Ready-made?

L’épistolaire,

un genre que j’affectionne tout particulièrement,

de l’échange,

stimulations et joutes de mots (maux) comme autant de petits rebonds et revers entre interlocuteurs…Je te questionne, tu me réponds, je t’interpelle, tu reviens sur ce mot, cette idée…minutie oblige, sens de la répartie et provoc aussi, non sans certains égards évidemment.

Toujours ce moment de flottement  quand je lis Houellebecq,

…un temps,

J’ai reconnu et aimé cette comparaison du genre épistolaire aux échecs le rôle de l’anticipation, le frisson et l’impatience de________ l’attente, une  incommensurable lenteur, merveilleusement décrite  par BHL aux parties » à distance »  par opposition aux parties dites » à la pendule » (..)

« on méditait son coup; on le mettait sous pli; on attendait, par retour, le coup fomenté par le partenaire ; les parties duraient des semaines; parfois des mois; Marcel Duchamp, qui n’aimait rien tant que jouer de cette manière, s’engageait dans des parties qui pouvaient durer des années et j’étais, en ce temps-là, éperdu d’admiration pour tout ce faisait Marcel Duchamp (…). »

« Je les ai adorées comme je crois, Duchamp les concevaient : moins un match qu’un jeu; moins une compétition qu’une manière d’inventer et de produire à deux ; un travail de l’intelligence, en somme, avec questions, réponses, passions contrariées, rebondissements, lumières partagées ou occultées, virtuosités, leurres. »p.186

De la littérature de « l’aveu« ,  et de ces interludes pendant lesquels ils avouent tous deux chercher sur le monstre « Google » les derniers écrits, critiques acerbes, ou » mépris » puisqu’ils sont deux « ennemis publics » à abattre, par la meute dont ils se détachent, chacun de sa manière, l’un digne représentant d’un dépressionniste aigu, pessimiste retranché de » l’humanité« , l’autre, plus « intellectuel, » à la marge mais en quête d’aventures et d’humanité, d’affronts, en un sens.

Quelques développements intéressants, divergences sur la Russie, lettres du 12/03/2008, références à Anna pour BHL, digressions sur le Juif, l’Islam,

un brin de lectures et d’analyses psy (vive Freud,  Jung et Lacan !!) pour évoquer la mère toxique et la figure paternelle, « l’empreinte » laissée…p.96. et la théorie du clinamen (déclinaison), Lucrèce et son de Rerum explicité par BHL..

L’art de la biographie, de l’autobiographie surtout, non de la transparence des coeurs façon Jean-Jacques ou Starobinski, non pour ça, tous deux se défendent, plutôt le  goût de la clandestinité, du secret dans l’acte, genèse de l’écriture qui ne peut éclore à la vue, par pudeur, efficace, essence même,

se pousser l’un l’autre,

l’aventure pour BHL « une boxe où l’on se s’affronte, il y insiste, qu’à soi-même et aux limites, toujours repoussées, de ses propres stratagèmes…p.187″

moment où les dissemblances/ rencontres de « monadologies » font face et se nourrissent avec avidité…façon ready-made..

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », dixit Eluard, je n’en doute pas…

La ou plutôt___________ les correspondances, cher Baudelaire,

Correspondances

« La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Ennemis publics par Houellebecq

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.

 

 

Elaboration des stratégies, anecdotes pointées, je redoutais un dialogue pompeux entre deux personnages,

deux écrivains dans la surenchère…

J’ai été agréablement surprise, pas de regret, je l’ai dévoré en deux jours_______ alors qu’il traînait sur mon bureau depuis quelques mois.

M.G

La carte et le territoire, Houellebecq et Michelin?

Houellebecq marque son territoire,

Goncourt 2010,

photographie figée …version polysémique, « géographie humaine », physique et politique..

P.82  » (…) l’agrandissement d’une carte Michelin »Département » de la même zone. Le contraste était frappant: alors que la photo satellite ne laissait apparaître qu’une soupe de verts plus ou moins uniformes parsemée de vagues taches bleues, la carte développait un fascinant lacis de départementales, de routes pittoresques, de points de vues, de forêts, de lacs et de cols. Au-dessus des deux agrandissements, en capitales noires, figurait le titre de l’exposition : »LA CARTE EST PLUS INTERESSANTE QUE LE TERRITOIRE. »

Rencontre avec le milieu artistique et littéraire avec « Beigbeder », sans compter « Houellebecq « lui-même qui joue son rôle d’écrivain connu, quitte à disparaître, autant que ce soit en étant assassiné, version « Pollock. ».

Abstract Jackson Pollock Painting Original Art Titled: Move It

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P.276

« En plus, la victime était célèbre…ajouta Ferber.

_C’était qui ?

_Michel Houellebecq »

Jed, l’artiste,

p.122″Jed bénéficiait avec Layla de cette espèce d’exception d’extra-territorialité qui est depuis toujours accordée aux artistes par les filles.C’est peut-être un peu Layla, mais plus sûrement Geneviève, son ancienne amie malgache, qui est évoquée dans une de ses toiles les plus touchantes, « Aimée, escort-girl », traitée dans une palette exceptionnellement chaleureuse à base de terre d’ombre, d’orange indien et de jaune de Naples »

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Carte de France Grandes Routes aux éditions Michelin
Echelle au 1/1 000 000
Format H x L : 100 x 111 cm
Mise à jour 2016 – Nouvelles Régions Administratives

Petit parallèle, tomber dans le piège ?

Le piège territorial : Les présupposés géographiques de la théorie des relations internationales

Quand bien même le pouvoir politique serait territorial, la territorialité n’implique pas nécessairement les pratiques d’exclusion mutuelle totale que lui attribuent les conceptions dominantes de l’État moderne. Cependant, dans les théories des relations internationales, lorsqu’il est question de la territorialité d’un État, la discussion est presque toujours menée dans les termes de la persistance ou de l’obsolescence d’un État territorial compris comme une entité inchangée et non dépendante des circonstances historico-géographiques variées. Cette approche est remise en question par les évènements contemporains. La fin de la Guerre froide, la vélocité et la volatilité croissantes de l’économie mondiale et l’émergence de mouvements politiques hors du cadre des États territoriaux, suggèrent qu’il faut comprendre la territorialité des États dans un contexte historique. Les trois présupposés géographiques sur lesquels s’appuie la pensée orthodoxe (les États comme des unités fixes d’espace souverain, la polarité intérieur/étranger et les États comme des « conteneurs » des sociétés) aboutissent à un « piège territorial ».

Autre critique éclairante

« (…)Si l’une des nombreuses lectures de ce texte d’une densité et d’une richesse impressionnantes est celle d’une vision du monde rompue à la manufacturisation de tout, à la mise à mort de l’authenticité (le territoire, ou le terroir) pour mieux l’imiter en la caricaturant à la norme mondialisée, à l’avènement de l’argent-roi qui tue tout sur son passage, même les écrivains, le livre est aussi la preuve que Michel Houellebecq refuse de se manufacturer lui-même.

Plutôt que de s’imiter, l’auteur va se démultiplier. Car La Carte et le Territoire est avant tout un formidable autoportrait de Michel Houellebecq, en écrivain, en artiste, en enquêteur, en homme ou en chien, en solitaire qui n’a plus rien à attendre de l’humain passé de la société du spectacle à celle de la consommation. Rarement on aura vu un écrivain se faire apparaître avec une distance aussi comique que glaçante, avec tendresse aussi, comme s’il était observé par un autre, dans son propre roman. Un roman à la structure complexe, vertigineuse, galerie des glaces qui donne le tournis : au-delà de sa propre apparition, l’écrivain va s’incarner aussi dans ses autres personnages, devenus autant d’avatars de lui-même. »

Exrait d’un article de  Nelly Kaprièlan, 29/08/2010, les Inrocks.

Aux passionnés des cartes..

 Michelin/

M.G

Plateforme état des lieux, verdict.

Pleins feux sur Houellebecq, je dois dire que ce titre m’a plus emballé que l’Extension dont finalement j’ai quasi tout oublié, c’est assez étrange d’ailleurs, peu de romans me font cet effet d’amnésie.

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On se hisse et on surplombe façon plateforme justement pour voir le monde, en hauteur, j’apprécie le cynisme corrosif, je comprends ses détracteurs, aussi.

Il me semble que ce serait une erreur de s’arrêter à un premier degré de lecture.

Certes, il relève la déchéance et l’appauvrissement occidental ou l’impact de la marchandisation du plaisir, tout s’achète, se compare et quoi de plus authentique que le tourisme sexuel thaïlandais, pour illustrer son propos? Et c’est surtout dans ces moments-là qu’il ne fait pas dans la dentelle, moi, ça me fait l’effet d’une conversation brute, mais sans faux-semblants, nature, sans hypocrisie .

Aussi, sommes-nous embarqués rapidement avec Michel, quinquagénaire, archétype du fonctionnaire médiocre,  individu lambda, qui se décide à partir en vacances, version tour operator,  avec Nouvelles Frontières, en groupe, et véhiculé (nouvel échos à la plateforme) alors que Michel nous avoue, d’emblée ne pas aimer l’humanité.

« Je ne suis pas bon, dans l’ensemble, ce n’est pas un des traits de mon caractère. L’humanitaire me dégoûte, le sort des autres m’est en général indifférent, je n’ai même pas le souvenir d’avoir jamais éprouvé un quelconque sentiment de solidarité. »

Il ne fera donc pas d’effort particulier, il décortique /dissèque ses congénères version autopsie presque, méthodique, ponctuant son regard (j’insiste bien sur le regard/sens de l’observation/acuité visuelle) plutôt pessimiste, de petites analyses sociologiques et d’informations sur l’histoire de la Thaïlande, ce qui nous permet pour le coup de nous joindre au voyage,

« J’aimais les catalogues de vacances, leur abstraction, leur manière de réduire les lieux du monde à une séquence limitée de bonheurs possibles et de tarifs ; j’appréciais particulièrement le système d’étoiles, pour indiquer l’intensité du bonheur qu’on était en droit d’espérer

 et de l’accompagner et même d’anticiper sur sa relation avec Valérie.

Si Michel ne s’offusque pas du tourisme sexuel et qu’il avoue y participer joyeusement, une certaine forme d’inéluctabilité justifie son comportement. Pourtant,sur cette toile de fond sombre, naît une histoire d’amour touchante avec Valérie, mais, dont on pressent aussi qu’elle ne peut durer aussi intensément et éternellement, comme si le bonheur était périssable .

« Pourtant, en souvenir de ces quelques mois, je peux en témoigner : je sais que le bonheur existe. »

C’est peut être cette idée qui est in fine la plus dérangeante dans ce livre et qui,  paradoxalement, la rend d’autant plus belle.

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