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On la trouvait plutôt jolie, Michel Bussi.

 

 C’était plutôt chouette!

 C’était plutôt chouette!

On la trouvait plutôt jolie par Bussi

« – Qu’est-ce qui ne va pas, Leyli ? Vous êtes jolie. Vous avez trois jolis enfants. Bamby, Alpha, Tidiane. Vous vous en êtes bien sortie.
– Ce sont les apparences, tout ça. Du vent. Il nous manque l‘essentiel. Je suis une mauvaise mère. Mes trois enfants sont condamnés. Mon seul espoir est que l’un d’eux, l’un d’eux peut-être, échappe au sortilège.

Elle ferma les yeux. Il demanda encore :
– Qui l’a lancé, ce sortilège ?
– Vous. Moi. La terre entière. Personne n’est innocent dans cette affaire. »

462 pages et deux jours pour le dévorer,

réminiscences de contes, du chasseur et de la proie,

Bussi a l’art et la manière d’entraîner et de bousculer son lecteur,

 

un joli rythme haletant et un dépaysement garanti dans l’univers impitoyable des migrants

« Mais je ne rentre pas dans les cases, Ruben. Célibataire. Salaire de misère. Les offices HLM me proposent des studios, des F1 au mieux. Vous comprenez, madame Maal, on réserve les F2, les F3, les F4 aux familles. C’est aussi stupide que cela, Ruben. Sans enfants, je ne peux pas prétendre à un logement plus grand. Et sans logement plus grand, je ne peux pas faire venir mes enfants. (Elle laissa à nouveau échapper un petit rire désabusé.) Le type qui a inventé ça, c’est un génie. »et de leur lourd périple, sans tomber dans le pathos

« Attention, je te parle des migrants, là, pas des réfugiés.

— C’est quoi la différence, patron ?

Petar observa son adjoint, amusé. Julo devinait qu’il en avait souvent discuté à la terrasse des cafés et que son argumentaire était bien rodé.

— Rien de plus simple, gamin ! Les réfugiés sont les gentils, ils fuient la guerre dans leur pays, on doit avoir pitié d’eux, on a le devoir moral de les accueillir, la France est une terre d’asile ! Les migrants, eux, ce sont les méchants, ils veulent nous envahir, ils sont seulement pauvres, mais des pauvres, on en a déjà assez chez nous.

Pas évident, une gageuse pour Bussi qui choisi cet univers, et c’est plutôt, plutôt réussi il faut bien le dire,

« On accueille les réfugiés politiques et on vire les migrants économiques. Et ne viens pas me demander pourquoi on a le devoir d’accueillir un gars qui crève de peur chez lui et pas un gars qui crève de faim. »

restant dans la veine du polar,

des homicides sordides,

des secrets,

dont on rassemble progressivement les pièces de puzzle à mesure que Leyli se livre.

M.G

La femme au carnet rouge, Antoine Laurain.

 Une première rencontre avec cet auteur,

la couverture, monochrome, et le noir et blanc,La femme au carnet rouge par Laurain

j’ai tout de suite été accrochée,

rien d’étonnant d’ailleurs,

une romance organisée autour d’un jeu de pistes invraisemblable, une idée de départ étonnante…mais crédible :

4ème : « Un soir à Paris, une jeune femme se fait voler son sac à main.

Il est retrouvé par Laurent Lettelier, libraire de profession, qui ne trouve pour seuls indices sur sa propriétaire que quelques effets personnels (un ticket de pressing, un roman, une pince à cheveux, un carnet…).

S’ensuit un jeu de piste romanesque.

 

Un matin à Paris, alors qu’il ouvre sa librairie, Laurent Letellier découvre dans la rue un sac à main abandonné.
Curieux, il en fait l’inventaire et découvre, faute de papiers d’identité, une foule d’objets personnels : photos, parfum… et un carnet rouge rempli de notes. Désireux de retrouver la propriétaire du sac, Laurent s’improvise détective. À mesure qu’il déchiffre les pages du carnet contenant les pensées intimes de l’inconnue, le jeu de piste se mue progressivement en une quête amoureuse qui va chambouler leurs vies. »

Laurent est libraire au Cahier rouge et tombe par hasard sur un sac à main mauve de bonne facture, intrigué, il va en rechercher la légitime propriétaire par curiosité et va se prendre au jeu.

« Laurent tourna la page pour découvrir deux lignes manuscrites au stylo sous le titre :  » Pour Laure, souvenir de notre rencontre sous la pluie. Patrick Modiano ».
L’écriture dansait sous ses yeux. Modiano, le plus insaisissable des écrivains français. Qui ne participait plus à aucune dédicace depuis des lustres et n’accordait que de très rares interviews. Dont la diction hésitante, pleine de points de suspension, était légendaire. »

Fouiller un sac à main, un tabou…c’est franchir une ligne…

« Combien de choses se sent-on obligé de faire par principe, par convenance, par éducation, qui nous pèsent et ne changent rien au cours des événements? p.108″

« Un hasard, des mots échangés, et c’est le début d’une relation. Un hasard, des mots échangés, et c’est la fin d’une relation, p.108 »

« C’était bien cela que suggérait Tabucchi dans son titre : on était passé à côté de quelque chose d’important. A côté d’un amour, à côté d’un métier, à côté d’un déménagement vers une autre ville, un autre pays. Une autre vie. A côté et en même temps si près que, parfois, dans des instants de mélancolie proches de l’hypnose, on pouvait malgré tout saisir des parcelles de ce possible. »

Laure se fait agressée un soir en rentrant chez elle, son sac est volé, .un sac à main qui renferme son intimité, ses effets personnels, et ce carnet, un moleskine rouge, sur lequel elle griffonne et laisse quelques pensées, façon journal intime..alors elle se sent dépossédée, dépouillée par ce vol.

L’histoire est bien ficelée, on accompagne progressivement Laurent dans ses découvertes et on piaille d’impatience,

le style est sobre, une simplicité qui sert avec justesse la romance sans en faire trop, lui apportant juste ce qu’il faut de crédibilité.

M.G

 

Apocalypse bébé, Virginie Despentes.

Un titre qui annonce la couleur…. l’apocalypse … jaune citron…

une couverture criarde et pétaradante, ( aucun risque de me le faire voler ! )

Rencontre première et tonitruante dans l’univers déjanté de Despentes,

Image associée

peu commun,

l’intrigue m’a paru secondaire,

voire pâlichonne…

Elle m’a semblé plus prétexte à introduire des personnages décapants, dérangeants même.

Le lecteur est complètement accaparé par le personnage de « la Hyène »,

qui épaule « Lucie », enquêtrice débutante qui s’est laissée berner par une adolescente en pleine crise, disparue,( et qui, ne semble pas des plus efficaces),

un duo inédit, mais qui rappelle la technique bien connue du » bon/ méchant flic »

La Hyène,

 prédatrice en puissance,

carnivore chétif,

mais redoutable au flair tout simplement déroutant « C’était inexplicable, mais impératif : la petite avait réclamé toute son attention. Il fallait la retrouver »p.249

Elle ne mâche pas ses mots, aime à provoquer, glauque attitude, et en jubile…

Avis sensibles ou rétifs s’abstenir, langage familier, vulgarités et  un certain cynisme s’accumulent..

Mais?

quelques expressions frappantes P.249 (toujours)

« L’émotion brute, c’est frôler la perte. Autour d’elle les morts accidentelles se multipliaient, les suicides, les overdoses, les petits rhumes suivis de décès surprenants, souvent après un passage a l’hôpital. Plus le temps passait, pourtant, plus son talent s’usait, suivant une courbe inverse à celle de sa popularité.(…) La Hyène est dans la place. (…) En découvrant à quoi ressemblait Lucie, physiquement, elle avait eu un moment de blues : l’héréro-tarte typique, un peu négligée, mais pas assez pour que ça lui donne un genre. No fun, sur toute la ligne »

« Elle se foutait d’avoir le dessus. Ce qui l’accrochait, c’est ce moment précis : deux volontés s’arrachent la gueule » .p244.

Tout ce raffut pour retrouver Valentine, un prénom aux sonorités douces,

bébé presque, qui entonne un

« Je suis la peste, le choléra, la grippe aviaire et la bombe A.

Petite salope radioactive, mon coeur ne comprend que le vice

Transuraniens, humains poubelles,

contaminant universel »

p.276…puis répétition..un roman aux colorations de ravages, nuances explosives…M.G

 

 

 

 

La Vérité sur l’affaire Harry Québert…

On me l’avait justement décrit comme un page turner…C’est tout à fait exact, on appréhende devant la taille du pavé, 670 pages (moins impressionnant, je vous l’accorde, en format poche!) .On est comme complexé, faussement intimidé , devant cette allure de mastodonte, dévoré par la curiosité et la gourmandise, comme devant une pièce montée qui dégouline de crème fouettée, de rosaces sucrées, et dont on se demande secrètement comment la saisir et s’en  emparer.

A vrai dire, on est très vite happé par le rythme, les péripéties et on s’en délecte furieusement jusqu’au rassasiement…Pas de déception, on en apprend davantage sur la disparition de Nola, et on jubile face au travail d’enquête conjoint au travail d’écriture de Marcus Goldman, confronté à son mentor (le Québert en question) et cette sinistre ou belle histoire car comme le dit Québert à son (Marcus) protégé,

« Mais après l’amour Marcus,après l’amour, il n’y a plus que le sel des larmes. »

 

N.B La Vérité sur l’affaire Harry Quebert est un roman de Joël Dicker paru le 19 septembre 2012 aux éditions de FalloisL’Âge d’Homme et ayant reçu la même année le Grand prix du roman de l’Académie française et le prix Goncourt des lycéens.

M.G.

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