C’était plutôt chouette!
C’était plutôt chouette!
« – Qu’est-ce qui ne va pas, Leyli ? Vous êtes jolie. Vous avez trois jolis enfants. Bamby, Alpha, Tidiane. Vous vous en êtes bien sortie.
– Ce sont les apparences, tout ça. Du vent. Il nous manque l‘essentiel. Je suis une mauvaise mère. Mes trois enfants sont condamnés. Mon seul espoir est que l’un d’eux, l’un d’eux peut-être, échappe au sortilège.
Elle ferma les yeux. Il demanda encore :
– Qui l’a lancé, ce sortilège ?
– Vous. Moi. La terre entière. Personne n’est innocent dans cette affaire. »
462 pages et deux jours pour le dévorer,
réminiscences de contes, du chasseur et de la proie,
Bussi a l’art et la manière d’entraîner et de bousculer son lecteur,
un joli rythme haletant et un dépaysement garanti dans l’univers impitoyable des migrants
« Mais je ne rentre pas dans les cases, Ruben. Célibataire. Salaire de misère. Les offices HLM me proposent des studios, des F1 au mieux. Vous comprenez, madame Maal, on réserve les F2, les F3, les F4 aux familles. C’est aussi stupide que cela, Ruben. Sans enfants, je ne peux pas prétendre à un logement plus grand. Et sans logement plus grand, je ne peux pas faire venir mes enfants. (Elle laissa à nouveau échapper un petit rire désabusé.) Le type qui a inventé ça, c’est un génie. »et de leur lourd périple, sans tomber dans le pathos
« Attention, je te parle des migrants, là, pas des réfugiés.
— C’est quoi la différence, patron ?
Petar observa son adjoint, amusé. Julo devinait qu’il en avait souvent discuté à la terrasse des cafés et que son argumentaire était bien rodé.
— Rien de plus simple, gamin ! Les réfugiés sont les gentils, ils fuient la guerre dans leur pays, on doit avoir pitié d’eux, on a le devoir moral de les accueillir, la France est une terre d’asile ! Les migrants, eux, ce sont les méchants, ils veulent nous envahir, ils sont seulement pauvres, mais des pauvres, on en a déjà assez chez nous.
Pas évident, une gageuse pour Bussi qui choisi cet univers, et c’est plutôt, plutôt réussi il faut bien le dire,
« On accueille les réfugiés politiques et on vire les migrants économiques. Et ne viens pas me demander pourquoi on a le devoir d’accueillir un gars qui crève de peur chez lui et pas un gars qui crève de faim. »
restant dans la veine du polar,
des homicides sordides,
des secrets,
dont on rassemble progressivement les pièces de puzzle à mesure que Leyli se livre.
M.G