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Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

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Rencontre attendue avec Foenkinos, …correspondances?

Enchantée de cette première 4ème de couverture et de cette rencontre avec David Foenkinos,

 

 

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j’appréhendais et je craignais une distorsion, un écart voir un fossé entre l’écriture et l’écrivain, il n’en est rien. Les correspondances sont bien là.

Cette 4ème a bien débuté dans le cadre intimiste et j’avoue apprécier le velours bordeaux et le décorum du théâtre de la Madeleine,

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Foenkinos s’est présenté avec quelques minutes de retard arguant de la séduction du chaource qu’il venait de découvrir et d’apprécier, l’ambiance était chaleureuse et détendue.

Après quelques mots d’introduction, Gérard,son acolyte s’est chargé de lui poser quelques questions sur le roman, thème privilégié de cette soirée dont je vais tâcher de vous retranscrire quelques éléments en étant, je l’espère, fidèle.

A la question le romancier est-il finalement celui qui raconte, Foenkinos évoque les Souvenirs, roman qui se nourrit des émotions et s’attache aux relations intergénérationnelles, entre transmissions et tensions, sans pour autant être autobiographique, mais qui relance des réminiscences personnelles.Le thèmes de la mémoire, des souvenirs sont très présents dans ses romans, dans Charlotte aussi, dont il  nous avoue qu’il a trimé plus de dix années, de façon quasi obsessionnelle, pour en venir à bout et, dont il s’étonne encore du succès.Une admiration certaine pour Charlotte Salomon, comme si les lieux portaient une mémoire, avec cette jolie mais très juste expression de la « mémoire des fourchettes » où comment certains objets au demeurant quelconques, banales peuvent à eux seuls faire force évocatrice.

La mémoire se propage dans Charlotte

 

pourtant sombre avec les suicides, il a tenté pourtant comme dans ses autres romans, de conserver une certaine « légèreté » ( je pense au titre de Kundera dès que j’entends ce mot), il la trouve magnifique, « j’adore le divertissement », » ce n’est pas antinomique de la profondeur ».Il avoue avoir « un joyeux rapport aux choses »,  une autre expression que j’apprécie et que j’envie, et se dit admiratif devant le travail des professeurs.

Il nous fait sourire en évoquant une petite anecdote :  il s’étonne de la Mgen (régime générale d’affiliation de l’éducation nationale) qui gère deux centres affectés aux pathologies dépressives et se nomment  Van Gogh et Camille Claudel, quand on connaît la vie et de ceux-ci, l’évocation sonne « bizarre »...

Charlotte est le plus grave, le plus sombre, le plus mélancolique et noir de ses romans, mais il ressent quelque chose de l’ordre de l’ontologique, ce qui lui plaît, le fascine chez elle, c’est cette »force de résistance », la beauté visuelle qui semble auréolée cette personnalité, la lumière qui semble se diffuser tout doux, conception que je conçois facilement, comme si certains êtres semblaient irradier..Gérard, très bavard et curieux (que voulez-vous ce sont les philosophes !) demande  ensuite à Foenkinos si ses personnages ne sont pas fatalement liés à une destinée car cela semble être le cas dans la plupart de ses romans.Effectivement,  Lennon, Dans la peau de John Lennon, plus près de l’autobiographie dans son genre j’entends, retrace le cheminement émotionnel, les blessures de l’enfance quelque chose d’irréparable qu’il retrouve avec Charlotte; elle porte en elle » l’atavisme morbide de sa propre vie », elle va tout surmonter, va créer une oeuvre pleine de vie, de beauté, mais est effectivement rattrapée par la fatalité de l’Histoire.

Avec un de ses premiers romans Je vais mieux

 

dans lequel le protagoniste en a littéralement « plein de dos« , Foenkinos devient pour certains lecteurs un ostéopathe et il  s’en étonne aussi, même, s’il comprend.

Gérard poursuit et là j’avoue, c’est une question que j’attendais au rapport à l’écriture:« Est-ce que ce sont les mots qui viennent à toi ou quelque chose d’autre? Comment fait-on une bonne histoirE? quelle recette du succès? »

L’inspiration oui s’impose d’ellemême, jaillit, mais il y aussi quelque chose de l’ordre….de .. »l’improbable », il n’a pas écrit une ligne depuis près d’une année, avoue que le désir d’écriture est« tributaire d’une attente » ce qui la rend d’autant plus magique, et non pas technique, quelque chose ‘irrationnelle, vraiment et puis petite pointe d’humour « j’ai du talent » sans prétention aucune, je vous assure .

D’ailleurs, il nous relate ses moments de difficultés avec une pointe amusée : des lettres d’amour assorties à des râteaux, une rencontre avec un public désert et absent (la jeune femme qui attend son mari et ses clés en librairie et qui n’attend pas de rencontrer l’écrivain), « le plus dur c’est de mettre un mot sur ce que l’on ressent », il peut y avoir un très long cheminement, c’est d’ailleurs parfois « surprenant ».

Question suivante : penses-tu ce tu écris correspond à un public, un temps et que c’est ce qui explique ton succès ?

Il ne le cherche pas en tout cas et se défend de toute entreprise racoleuse et commerciale, il avoue que dans le succès il s’est senti comme dans Truman show, le succès arrive comme une étrangeté, mais il ne le cherche pas, et ‘ailleurs cela semble inutile, ce n’est pas le motif d’écriture, l’écriture ( il nous explique qu’il a été un lecteur tardif, vers ses 16 ans, pas de fibre littéraire innée ) est devenue plus qu’une évidence une nécessité dans sa vie, un incontournable, vital presque, et ne pas suivre cette voie c’est bien pire que de pas être publié ou méconnu, il repense aux difficultés de Proust par exemple, le livre, la publication c’est comme la« matérialisation de l’indifférence générale » et évoque son dernier roman conçu comme un polar, où son personnage un pizzaiolo apparaît comme un « François Mittérand de la pizza » dans le mystère Henri Pick.

 

 

Foenkinos évoque le rapport à la lecture, tout se passe comme si  le lecteur s’évertuait à traquer des similitudes, parcours de vie, résonances, plus ou moins consciemment d’ailleurs..Gérard rebondit alors, selon toi, David, 2016 : année de la victoire de la forme? Disons que pour Foenkinos le superficiel, la légèreté y compris dans la forme ne sont une insulte à l’intelligence, bien au contraire, mais qu’il ne cherche pas la force polémique, il repense notamment au tapage de Soumission pour Houellebecq et à cette façon d’en faire des caisses, il considère que le succès ne peut durer sans un texte qui touche les gens, le public.

L’oeuvre est une passerelle émotionnelle, la mémoire au travers de prismes…Charlotte se dénote car elle apparaît pour lui comme son oeuvre magistrale, celle qui a prise et investie le plus son énergie littéraire, il se sent bouleversé par son oeuvre, dont il a longtemps été animé, celle par laquelle il retrouve cette fameuse adéquation, moment de perfection dans la création , ce moment d’être en « rond » , où l’écriture est comme « un adultère du moi-même ».

 

Enfin, le public a pris la parole et j’avoue ne pas pouvoir tout retranscrire, juste que s’il ne varie pas le genre  en restant dans le romanesque je lui trouve beaucoup de moments de poésie ( j’ai évoqué le Potentiel ainsi qu’ un passage de Avez-vous la tête de l’emploi ? , et surtout le jeu des prénoms) qui touchent, avec Délicatesse, et je me suis laissée prise au jeu des dédicaces.

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Dédicace Foenkinos D.

 

 

 Marjory.

Fringales suite…

Les secrets d’une shoe addict, Beth Harbison où comment trois mères de famille se retriouvent dans le pétrin suite à un weekend à Las Végas.Pour liquider leurs dettes,elles deviennent à l’insu de leur famille respective, hôtesses pour le téléphone rose, s’ensuivent des moments de drôleries .

Aussi léger dans le ton, quoique plus commun, La working girl de Sophie Talneau, achevé en deux petites heures relate l’histoire et l’ascension de Zoé petite stagiaire au sein de son entreprise.

Il m’a fallut contrebalancé et j’ai choisi de relire Le scaphandre et le papillon  roman autobiographique de Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef du célèbre magazine féminin « Elle « , qui retrace avec pudeur son isolement  et son désespoir, causé par le locked-in syndrom .

Au terrible chapitre du « Légume » il évoque les « petites joies » au travers de lettres et de nouvelles données « D’autres lettres racontent dans leur simplicité les petits faits qui ponctuent la fuite du temps.Ce sont des roses qu’on a cueilli au crépuscule, l’indolence d’un dimanche de pluie, un enfant qui pleure avant de s’endormir.Capturés sur le vif, ces échantillons de vie, ces bouffées de bonheur m’émeuvent plus que tout »., puis « Loin de ces raffuts, dans le silence reconquis je peux écouter les papillons qui volent à travers ma tête.Il faut beaucoup d’attention et même de recueillement car leurs battements d’ailes sont presque imperceptible[…]Je dois avoir l’oreille des papillons. » 

Quand le corps ne suit plus et devient une entrave à la vie, quand il pèse, exile et que seule une paupière et un battement de cil peut effleurer les autres jusqu’à l’envol, touchant, poignant.Et je dois dire que j’ai trouvé le film réussi …Bande annonce adaptation

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Les estivales….fringales ???

Retour aux sources et variabilités, j’alterne selon les humeurs…

J’ai lu avec enthousiasme Patrick Cauvin avec Huit jours en été qui nous convie à une escale à Bénarès et au dépaysement.Comme le narrateur, j’ai promené mon regard et me suis laissée enivrer par les épices que je pouvais presque sentir et le tournoiement des chatoyants saris, ce qui convient bien à la saison estivale.Sans compter les résonnances cosmiques ou les échos « Je reprends les pagaies » et « Je dois avoir l’air de ramer dans le vide » des expressions qui sonnent familières et plus fort encore p 189 « Je sais à présent que les charognes ont une odeur de sucre…Je pense à Baudelaire et à son attirance pour l’immonde » ah! Spleen spleen..

Une charogne

section « Spleen et idéal » des Fleurs du mal.

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s’élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.

– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !

Je me suis rappelé alors avoir lu E=MC2 mon amour du même auteur dans ma jeunesse et je l’ai retrouvé..Je me souviens, « Bingo!. »Le titre m’intriguait : quel rapport avec une formule d’Einstein, la relativité et l’amour, les sentiments? Une histoire d’alchimie, de molécules peut-être…

Quatrième de couverture

 » Lui un peu voyou, elle un peu bêcheuse, ces deux bambins qui totalisent moins de vingt-trois printemps vont se rencontrer, se flairer, se reconnaître et vivre dans l’incompréhension générale ce qu’il est légitime d’appeler un grand amour. J’aime dans le roman de Patrick Cauvin – outre toutes les qualités de fraîcheur, de légèreté, d’invention qu’il faut pour faire l’enfant sans faire la bête – j’aime ce qu’il dit sans avoir l’air d’y toucher et qui va beaucoup plus loin que son joli récit. « 

 

« Dis moi quelque choses, que je l’emporte ».
Panique. Je cherche, ça tourne, il faut trouver quelque chose dont elle se souvienne, quelque chose qui résume tout ce que nous avons été, quelque chose qui soit bien à nous, à nous deux seuls, où il y ait nos cerveaux trop gros et nos coeurs si larges, quelque chose qu’aurait dit… je ne sais pas moi, un type qui serait à la fois Einstein et Racine; Einstein et Racine !…
Alors, d’un seule coup je me penche au dessus de la rambarde, les mains en porte-voix, et hurle : e=mc², mon amour.

Avec Cauvin, pas de déception, l’écriture est fluide, agréable, ça se boit comme du petit lait…

Ce titre m’a rappelé le Blé en herbe, de Colette, je l’avais déjà rencontré et l’ai relu récemment.

Le charme tient en partie selon moi au ton faussement désuet, mais finement ciselé, emprunt de préciosité diront certains, l’idée d’un écrin qui recueille un petit bijou.Colette me rappelle (dans un sens) la délicieuse dentelle de Calais, ouvragée et délicate.

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Je reste sensible aux couleurs de « terre cuite » »pervenche » » yeux couleur de pluie printanière »  « bleuâtre, violâtre » et je me représente plutôt bien Cancale pour y avoir été le temps des vacances.Comme j’en avais fini avec Chéri et la fin de Chéri, j’ai enchaîné avec La retraite sentimentale, et hasard…tombée pendant l’escale savoyarde, (caché dans une petite bibliothèque commune et cerné de titres plus légers type » harlequins ») sur Sido Les vrilles de la vigne ! qui prendra place aux côtés des autres titres de l’auteure.

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