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Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

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Deuil

Suite concours d’écriture..

Mon texte n’a pas été retenu, forcément un peu déçue,

mais pour le coup, je peux maintenant le publier sur mon blog, pour mémoire,

le thème était maman recto verso, (la maternité),

forme libre,

format A4 maximum,

j’avais pris ce parti :

 » Maman Recto.                                                                                        .

J’attends un enfant. Patiemment, je l’attends, c’est le début d’une incroyable aventure, d’une nouvelle vie qui s’esquisse en quelques mois pour évoluer, passer de l’état de couple à la fondation de la petite famille. Neuf mois s’écoulent  au rythme des examens médicaux de contrôle, et pour apprendre aussi à devenir parents. Je les brave tous haut la main ces examens, ces temps d’attentes interminables, durant lesquels le cœur cogne fort dans la poitrine, durant lesquels tu n’attends qu’une confirmation, que tout se déroule au mieux. Oui, le fœtus se développe, oui, il pousse normalement, de petit pois, à noisette, têtard, puis crevette, tu es rassurée. A chaque nouvel examen, c’est une nouvelle petite victoire intérieure, j’ai l’impression d’avoir le souffle coupé, je veux juste être sûre, que tout va bien, c’est mon premier. J’ai l’intuition que ce sera une fille, je le sens. Je me prépare, je nous prépare, elle va arriver, tout chambouler, je serai bientôt maman.

Vers le septième mois, je me sens plus sûre, je veux préparer le nid douillet, je me questionne, car enfin,  je vais devenir mère. Tout doit être prêt. Nous réfléchissons au prénom, nous le gardons secret pour nous deux jusqu’à son arrivée. Le terme approche, bientôt, la délivrance, l’accès à une nouvelle vie à trois, elle se matérialise déjà dans l’espace, dans ta nouvelle chambre, ces nouveaux vêtements miniatures. J’ai eu le temps de t’imaginer tant de fois ces derniers temps, de te sentir grandir en moi, pousser,  je t’ai aimé avant même que tu arrives et j’ai hâte maintenant de te voir, de te serrer tout contre moi. Je veux te rencontrer, te contempler des heures durant et m’occuper de toi, te voir grandir, je t’aime déjà tant. Je suis transportée d’émotions contrastées, de la joie intense, de la peur aussi, de ne pas tout maîtriser. Premiers sons qui émergent de ton tout petit corps, tu es si petite, tu te recroquevilles, que  tu es belle. Quelques cheveux et de grands yeux bleus  me regardent, je te contemple, un instant d’éternité, un moment de bonheur me submerge. Je t’entends maintenant, je suis si rassurée, mon ange, tu reposes chaleureusement et paisiblement sur ma poitrine, peau à peau, cœur à cœur, et déjà je n’ai plus envie de te laisser un instant.

Maman Verso.                                                                                         .

J’attends un enfant. Patiemment, je l’attends, c’est le début d’une incroyable aventure, d’une nouvelle vie qui s’esquisse en quelques mois pour évoluer, passer de l’état de couple à la fondation de la petite famille. Neuf mois s’écoulent  au rythme des examens médicaux de contrôle, et pour apprendre aussi à devenir parents. Je les brave tous haut la main ces examens, ces temps d’attentes interminables, durant lesquels le cœur cogne fort dans la poitrine, durant lesquels tu n’attends qu’une confirmation, que tout se déroule au mieux. Oui, le fœtus se développe, oui, il pousse normalement, de petit pois, à noisette, têtard, puis crevette, tu es rassurée. A chaque nouvel examen, c’est une nouvelle petite victoire intérieure, j’ai l’impression d’avoir le souffle coupé, je veux juste être sûre, que tout va bien, c’est mon premier. J’ai l’intuition que ce sera une fille, je le sens. Je me prépare, je nous prépare, elle va arriver, tout chambouler, je serai bientôt maman.

 Vers le septième mois, je me sens plus sûre, je veux préparer le nid douillet, je me questionne, car enfin,  je vais devenir mère. Tout doit être prêt. Nous réfléchissons au prénom, nous le gardons secret pour nous deux jusqu’à son arrivée. Le terme approche, bientôt, la délivrance, l’accès à une nouvelle vie à trois, elle se matérialise déjà dans l’espace, dans ta nouvelle chambre, ces nouveaux vêtements miniatures. Aujourd’hui, petite baisse d’activité, ses mouvements sont au ralenti, c’est vrai que l’espace est moindre maintenant, c’est normal, la sage-femme vient me voir pour un monitoring, elle me rassurera. C’est ce que je pensais, je n’avais pas imaginé qu’elle me dirait « le cœur ne bat___ plus ». La sentence était tombée. Un silence assourdissant s’est abattu à la place. Je suis bouleversée, en colère, terrifiée aussi, les émotions me tyrannisent de douleur. Je n’entendrai jamais tes cris, je t’ai senti bouger, je t’ai accompagné ces neuf mois, et je t’ai perdu… avant même de te tenir dans mes bras. Je ne te borderai jamais dans ton lit, je n’imaginais pas te mener au linceul. Je me conduis comme une maman, je te laisse venir, douloureusement, je veux te tenir près de moi, je veux te toucher, je t’ai si souvent imaginé, tu reposes sur ma poitrine, peau à peau, cœur à cœur. La tristesse me transperce le cœur, les larmes coulent, tu resteras, si belle, mon ange.   »    

Un choix dicté par mon coeur, j’ai eu la chance de ne connaître que l’expérience première, mais toutes les femmes de mon entourage n’ont pas eu cette chance, le deuil périnatal est terrible et méconnu, et il m’était important de rendre hommage à tous ces parents qui connaissent ces drames.   

M.G

Antigone, Sophocle/théâtre/5/5.

Dernière représentation cette année,

après le 4 ème mur et l’évocation d’Antigone version Anouilh,

j’enchaîne avec celle de Sophocle, comme un cycle..

un goût..certain… pour le tragique, enfin n’est-ce pas ce que l’on peut attendre du théâtre, un retour aux sources?

« ANTIGONE. –

Fais ce que tu veux, mais moi, je l’ensevelirai, et il me sera beau de mourir pour cela. Ayant commis un crime pieux, chère je me coucherai auprès de qui m’est cher ; car j’aurai plus longtemps à plaire à ceux qui sont sous terre qu’à ceux qui sont ici. »

Traduction et adaptation Philippe Demain

avec Delphine Bechetoille, Christine Berg, Valentin Boraud, Jean-Michel Guérin, Camille Plocki, Stephan Ramirez, Gisèle Torterolo, Jean-Louis Wacquiez

mise en scène Christine Berg

dramaturgie Philippe Demain

scénographie i&mt lumières Jean-Gabriel Valot

costumes Françoise Kepler

régie plateau Morgane Barbry et Baptiste Nicoli

construction du décor Florent Gallier

administration Fabienne Christophle/G.E.F.

Coproduction ici et maintenant théâtre/Grand Théâtre de Calais/Espace Jean Vilar de Revin.

La cie Ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Conseil Régional Grand Est et la Ville de Châlons-en-Champagne. Projet soutenu par le Conseil Départemental de la Marne et la DRAC Grand Est (Aide à la production).

Avec la participation du Jeune théâtre national.

« KRÉÔN.

Et ainsi, tu as osé violer ces lois ?

ANTIGONÈ.

C’est que Zeus ne les a point faites, ni la Justice qui siège auprès des dieux souterrains. Et je n’ai pas cru que tes édits pussent l’emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux, puisque tu n’es qu’un mortel. Ce n’est point d’aujourd’hui, ni d’hier, qu’elles sont immuables ; mais elles sont éternellement puissantes, et nul ne sait depuis combien de temps elles sont nées. Je n’ai pas dû, par crainte des ordres d’un seul homme, mériter d’être châtiée par les dieux. […

Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé. »

Une jolie mise en scène,

toute en modernité, il faut bien l’avouer, Antigone dépoussiérée n’a rien perdu de son charme,

effrontée comme toujours,

au coeur de conflits et d’un véritable destin individuel dépassant très largement la polis grecque, un moment de révolte bien servi par le jeu des comédiens.

MG

 

 

 

 

Pour aller plus loin, le lien vers le dossier de presse : http://www.theatredelamadeleine.com/images/programme/annee-2017-2018/antigone/antigone-ici-et-maintenant-theatre-presse.pdf.pdf

La mémoire des embruns,Karen Viggers.

Lu d’une traite,La mémoire des embruns par Viggers

profité de cette journée pluvieuse,

avant la reprise,

maussade,

comme une retraite,

idéal pour mettre un pied sur une île,

un phare,

une virée en Antarctique, désert blanc immaculé,

« Une image lumineuse qui rend hommage à la puissance et au caractère éphémère de la lumière en Antarctique ; un don qui tient du miracle ; elle illumine votre âme et, l’instant d’après, elle s’est évanouie. »p.187.

des manchots,

des aurores boréales,

à la lecture je sentais presque les embruns, l’air iodé, les bourrasques de vents, l’écume gicler et les vagues se fracasser sur les rochers,

les jolies descriptions concourent à la visualisation des scènes

« Côté est, des parois abruptes rongées par l’érosion et creusées de grottes ; des rochers aux formes évocatrices battus par le ressac. Au large, l’archipel des Friars, des îles verdoyantes frangées de blanc.Je sais qu’il y a sur l’une d’elles une colonie de phoques, mais on ne les voit pas d’aussi loin. La haute mer côté sud est striée par les crinières d’écumes de la houle qui se rue vers la terre. »p.172

idéal pour ces 578 pages,

« Mary est âgée, sa santé se dégrade. Elle décide de passer ses derniers jours à Bruny, île de Tasmanie balayée par les vents où elle a vécu ses plus belles années auprès de son mari, le gardien du phare. Les retrouvailles avec la terre aimée prennent des allures de pèlerinage. »

Pas de suspense,

on comprend dès les premières pages ce qui se trame et l’issue, les thématiques de l’isolement, pélerinage dans les souvenirs, le refuge dans un lieu familier pour Mary et ses enfants,

« Dans un creux, je m’accroupis et regarde les lames sombres lécher la paroi de la falaise et se briser sur les écueils en contrebas. Le varech tournoie et danse avec le ressac. Peu à peu le mouvement de la mer devient rythme et musique, et je me sens porté par ce roulement régulier qui me réconforte et me ressource. La magie de l’océan qui rugit opère sur moi. »

P.554,

« Le calme revient dans mon coeur », p.554

Karen Viggers parvient habilement à nous entraîner dans cette histoire de vieille dame, et ce, sur la longueur,

et c’est parfaitement réussi et maîtrisé,

une véritable gageure pour ce voyage.

 

Photo issu du site https://www.auroresboreales.com/portfolio/islande/

M.G

 

Ne t’inquiète pas la vie est facile…

Suite attendue de l’histoire de reconstruction de Diane dans Les gens heureux lisent et boivent du café. Celle-ci retrousse les manches et se réapproprie « Les Gens » (son café littéraire), elle se remet, aidée de Félix, mais garde en mémoire sa rencontre avec Edouard et sa famille irlandaise, c’est si loin, tout ça…Tout en faisant abstraction, on la voit avancer toujours sur le fil du rasoir et on espère qu’elle sortira guérie et plus forte. Heureusement, Félix, plein d’entrain, veille toujours, quitte parfois à la materner un peu, et tente maladroitement de la recaser:

« S’il te plaît, arrête de jouer à Meetic, je n’en peux plus de ces soirées ratées. C ‘est décourageant!(…)

_Non je n’arrêterai pas. Je veux que tu rencontres un type bien,sympa, avec qui tu seras heureuse.

_Tu ne me présentes que des guignols, Félix ! »

Félix passe au second plan (dommage, c’est un sacré phénomène ! ) dans cette suite qui se focalise davantage sur Diane et son avenir.C’est chez elle, chez les Gens, qu’elle rencontre finalement  Olivier, personnage attachant et irréprochable, mais on pressent que la situation est autrement plus complexe pour Diane, surtout quand elle s’engage (on se demande tout comme elle le fera, si elle ne brûle pas trop vite les étapes, craignant une rechute… ) avec Olivier , et qu’Edouard réapparaît subitement (la tuile ! ).

L’inattendu bouscule Diane remuant et suscitant une lutte intérieure, qu’elle refuse d’abord de mener ( phase de déni ), complexifié par un nouveau deuil.( la vie est facile ? )

Ce qui est intéressant, c’est que le lecteur garde toujours une avance sur Diane, comme s’il soupçonnait l’inéluctable, anticipation, dont il ne peut que se réjouir.

C’est bien le fil conducteur de cette histoire, le travail du deuil (expression freudienne utilisée par Sigmund  Freud dans Deuil et Mélancolie, 1917) et de la reconstruction, à travers ses différentes étapes : la pénible et douloureuse confrontation à la réalité brutale,( non présence, absence ) à savoir la perte d’un être cher (et ça, Diane, elle cumule !) qui de fait, présuppose le retrait de la » libido » (entendons de l’énergie psychique liée à l’attachement), puis la « rébellion compréhensive » ou l’acceptation de la perte de cette énergie investie dans l’affectif à l’épreuve du temps, ce qui permet alors au moi (comme instance psychique) d’achever le travail de deuil.

« Le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée ou d’une abstraction mise à sa place, la patrie, la liberté, un idéal, etc. »

— Sigmund FREUD, Deuil et mélancolie.

 

La situation va  donc psychologiquement se corser pour Diane.

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Le ton reste léger comme nous le suggère le titre, on espère une fin heureuse pour Diane, comme une promesse (ne t’inquiète pas),

je n’en dirai pas davantage et vous laisse découvrir, si je ne m’abuse une version cinématographique est envisagée..

M.G

Fini Les gens heureux lisent et boivent du café d’Agnès Martin-Lugand qui sonnait comme un aphorisme et qui, paradoxalement, évoque la perte, la douleur et les différentes étapes du deuil.

La couverture monochrome me rappelle les clichés de Robert Doisneau.

 

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Diane, tenancière d’un café littéraire parisien, peut compter sur son meilleur ami Félix pour lui remonter doucement le moral, mais est-ce suffisant? Comment peut-elle continuer, elle qui n’a  plus goût à la vie ?  Elle s’enfonce inexorablement dans la dépression.

« L’odeur sucrée me tira quelques larmes mêlées de réconfort morbide […]La pénombre était mon amie »

Le déracinement en Irlande, le dépaysement  à « Mulranny » , pour Félix, le pays des »rugbymen mangeurs de moutons »et la rupture d’avec les souvenirs, les objets chéris et le temps concourent à la guérison, l’éloignement et la distanciation l’oblige à puiser dans de nouvelles forces, elle n’a plus le choix, seule, face à elle-même. Mulranny est isolé, perdu, un petit village noyé sous les averses et trombes irlandaises, mais bordé de plages, où tout le monde se connaît et où la petite française ne passe pas inaperçue, elle qui ne pense qu’à la réclusion trouve ses nouveaux voisins bien trop envahissants, sans compter Edward, ce malotru qui se rend plus que détestable et odieux !

La première rencontre :

« Son visage se ferma davantage.Il se redressa et parla à mes hôtes en ignorant ma présence.

-Je vous avais dit que je ne voulais personne à côté de chez moi.Elle est là pour combien de temps? (…) Ne viens pas sonner chez moi »(….) Il fallait que je tombe sur une Française cinglée »

Bref, une jolie rencontre, inattendue certes (car je dois dire que j’avais choisi à la couverture et avais délibérément omis de lire la 4ème), qui m’a donné envie de lire le 2ème titre Entre mes doigts le bonheur se faufile.

M.G

 

 

 

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