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Lectures indélébiles Ecritures vagabondes

Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

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Mise en scène

Antigone, Sophocle/théâtre/5/5.

Dernière représentation cette année,

après le 4 ème mur et l’évocation d’Antigone version Anouilh,

j’enchaîne avec celle de Sophocle, comme un cycle..

un goût..certain… pour le tragique, enfin n’est-ce pas ce que l’on peut attendre du théâtre, un retour aux sources?

« ANTIGONE. –

Fais ce que tu veux, mais moi, je l’ensevelirai, et il me sera beau de mourir pour cela. Ayant commis un crime pieux, chère je me coucherai auprès de qui m’est cher ; car j’aurai plus longtemps à plaire à ceux qui sont sous terre qu’à ceux qui sont ici. »

Traduction et adaptation Philippe Demain

avec Delphine Bechetoille, Christine Berg, Valentin Boraud, Jean-Michel Guérin, Camille Plocki, Stephan Ramirez, Gisèle Torterolo, Jean-Louis Wacquiez

mise en scène Christine Berg

dramaturgie Philippe Demain

scénographie i&mt lumières Jean-Gabriel Valot

costumes Françoise Kepler

régie plateau Morgane Barbry et Baptiste Nicoli

construction du décor Florent Gallier

administration Fabienne Christophle/G.E.F.

Coproduction ici et maintenant théâtre/Grand Théâtre de Calais/Espace Jean Vilar de Revin.

La cie Ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Conseil Régional Grand Est et la Ville de Châlons-en-Champagne. Projet soutenu par le Conseil Départemental de la Marne et la DRAC Grand Est (Aide à la production).

Avec la participation du Jeune théâtre national.

« KRÉÔN.

Et ainsi, tu as osé violer ces lois ?

ANTIGONÈ.

C’est que Zeus ne les a point faites, ni la Justice qui siège auprès des dieux souterrains. Et je n’ai pas cru que tes édits pussent l’emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux, puisque tu n’es qu’un mortel. Ce n’est point d’aujourd’hui, ni d’hier, qu’elles sont immuables ; mais elles sont éternellement puissantes, et nul ne sait depuis combien de temps elles sont nées. Je n’ai pas dû, par crainte des ordres d’un seul homme, mériter d’être châtiée par les dieux. […

Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé. »

Une jolie mise en scène,

toute en modernité, il faut bien l’avouer, Antigone dépoussiérée n’a rien perdu de son charme,

effrontée comme toujours,

au coeur de conflits et d’un véritable destin individuel dépassant très largement la polis grecque, un moment de révolte bien servi par le jeu des comédiens.

MG

 

 

 

 

Pour aller plus loin, le lien vers le dossier de presse : http://www.theatredelamadeleine.com/images/programme/annee-2017-2018/antigone/antigone-ici-et-maintenant-theatre-presse.pdf.pdf

Le 4ème mur, Sorj CHALANDON/théâtre/4.

Dernier spectacle vu, 29 mars,

Adapté du roman de SORJ CHALANDON,

Création 2016

Sur une idée originale de Thierry Auzer et Luca Franceschi

direction artistique Thierry Auzer

adaptation et mise en scène Luca Franceschi

composition musicale Nicolas « TIKO » Giemza

chorégraphie Fanny Riou

avec Samuel Camus, Mathilde Dutreuil, Salla Lintonen, Yannick « YAO » Louis, Nicolas Moisy, Alexandra Nicolaïdis décors Thierry Auzer et Vincent Guillermin

création lumières Antoine Fouqueau

costumes Laurence Oudry

Production théâtre des Asphodèles.

Avec le soutien de l’ADAMI, Ville de Lyon, Région Auvergne Rhône-Alpes.

theatre-des-asphodeles-le-quatrieme-mur-theatre-de-la-madeleine
« L’idée de Samuel est belle, utopique. Monter Antigone en pleine guerre au Liban en rassemblant sur scène des comédiens issus de chaque camp belligérant, afin de « donner à des ennemis une chance de se parler », de « les réunir autour d’un projet commun ».
En adaptant le roman de Sorj Chalandon avec une mise en scène à la croisée de disciplines urbaines, la Cie des Asphodèles questionne l’utilité de l’art dans la société, avec l’énergie et l’inventivité propices à l’éclosion d’un univers poétique et sensible qui soit aussi une fenêtre ouverte sur le monde. »

Jolie représentation contemporaine, arrière fond marqué par du beatbox,

tragédies en toile de fond  et de sa mécanique impitoyable,

enfermé entre 4 murs,

(guerre, conflits et trahisons,  snipers et morts )

et espoirs,

autour d’Antigone, l’idée d’une réconciliation,

le temps d’une possible___ trêve,

bercés par les voix des comédiens, qui renforcent les tensions narratives,

entre horreurs et absurdités, jusqu’à l’aveuglement…

Quand Sorj SALANDON évoque son roman,

Pour aller plus loin accès au dossier presse http://www.theatredelamadeleine.com/images/programme/annee-2017-2018/le-quatrieme-mur/le-quatrieme-mur-cie-des-asphodeles-presse.pdf

Un spectacle d’où irradiait une violence et une puissance évocatrice certaine, qui ne peut laisser insensible et que je garderai en tête..M.G

Sous le pont / Le gant/Abdulrahman Khallof./théâtre/Syrie.

Première en littérature arabe,

acquis grâce à l’opération Masse Critique de Babélio que je remercie une fois encore, et les éditions Moires pour leur petite attention, un petit mot personnalisé et une carte de visite jointe.

Une maison que je méconnaissais.

Une couverture de bonne facture, ton bleu pâle, un format poids plume pour ce recueil qui se compose de deux pièces de théâtre.

Ce livre a été publié avec le soutien du CNL,  sélectionné par le Rectorat de bordeaux dans le programme « A la découverte des écritures contemporaines pour le théâtre » pour les collèges et lycées 2017-2018.

SOUS LE PONT : « Tu devrais venir en Syrie, toi ! Tu vas être heureux, tu verras c’est quoi une vie de chien. » C’est ainsi que parle Jamal, énième réfugié qui a la chance, ici, d’avoir un nom, à moins que celui-ci ne soit pas vraiment le sien. 

Inauguré par un petit mot « d’Avant-scène » p.9, le dramaturge évoque la genèse de ses pièces, retraçant les derniers événements historiques et le territoire d’expression

Sous le pont par Khallouf de la langue, espace de passation de pouvoirs.

« J’ai trouvé dans la traduction un semblant de continuité, un trait d’union entre ces deux mondes, un moyen de dépasser l’expérience de l’asile et d’accéder à ce troisième pays qu’est la langue.En 2011, les Syriens sortent dans les rues pour les mêmes raisons qui m’ont poussé à partir il y a huit ans. »p.9

Il s’agit davantage du « traitement théâtral de ce récit en langue arabe et en langue française » d’un « trait d’union »,

« Je voulais que ce récit soit une mémoire artificielle d’une horreur bien vraie. »p.12.

Sous le pont, 32 pages, d’un seul trait,…dédicace ou oraison funèbre, le ton est donné,

« A tous les noyés », ce pourrait être à toutes les situations de désespoir,

7 personnages jalonnent et rythment la pièce dont deux curiosités, « Le metteur en scène « et « l’auteur », un goût de mise en abyme pour des êtres cabossés par la vie.

Présage funeste encouragé par le seul personnage de l’homme au pistolet dont on se doute bien,qu’il sera antipathique.Des réflexes d’agressivité face à l’étranger, du récit de l’exil, de la misère, de la question de l’asile et de la torture. »Pendant l’interrogatoire. Ils m’ont demandé  » Qui est ton Dieu? » J’ai dit le Président Bachar al-Assard »p.39« Mon tour eest arrivé. Ils ne m’ont pas tapé tout de suite, ils étaient en train de fumer, ils m’ont demandé de m’allonger sur le ventre et ils ont éteints leurs cigarettes sur mon dos. »‘Je te jure que je ne le déteste pas. »

Heureusement le religieux est là, il faut avoir confiance mon frère, Jamal…Le sursaut d’humanité revient avec l’arrivée impromptue du « metteur en scène » et de » l’auteur » qui se disputent face au public, il faut bien rendre des comptes devant la détresse humaine, davant le spectacle qu’offre la rue, les fosses dont on détourne les yeux « Vas-y ! Regarde-les dans les yeux et explique-leur ta démarche. » L’auteur « C‘est vraiment important ? ça ne serait pas possible de les (spectateurs) laisser dans le brouillard artistique? » d’autres scénarii « D’accord. Si celui-là ne marche pas, on a qu’à l’enlever et recommencer avec un autre dès le début »p45 « Pas besoin de réfléchir. On va lui donner une mort magnifique, honorable, une mort que personne n’a eue avant lui ».

Il faut bien trouver une issue, une fin avant de sombrer dans le Noir, avant que le rideau ne tombe et n’occulte la scène.

Le gant ..version musical, un duo, le pianiste et le chanteur, le père et le fils pour un nouveau récit de vie,  un syrien, victime d’un accident de travail après trente années passées en France retourne au pays, laissant femme, enfant, piano,

quand l’objet, la piano apprivoise la mémoire, quand il rejoue le drame, la fausse note,

9 pages,

pour finir une composition à quatre mains, entrecoupée de morceaux.. »Je joue sur mon piano. Tout revient, tout est là. Sauf moi. Sauf moi. »

Deux pièces très courtes et percutantes, qui donnent matière à réflexion, et dont le spectacle et la sortie musicale sont prévus pour…2018…..

M.G

 

ESPÍA A UNA MUJER QUE SE MATA/ Saison théâtre 2/ Tchekhov.

ESPÍA A UNA MUJER QUE SE MATA,
2ème sortie théâtre pour cette lecture de Tchekhov, à la Madeleine toujours, le 18 janvier,

 Version de DANIEL VERONESE d’après « ONCLE VANIA » DE TCHEKHOV

Mise en scène  de Guy Delamotte

traduction Françoise Thanas
dramaturgie Véro Dahuron/Guy Delamotte

avec Martine Bertrand, Véro Dahuron, Marion Lubat, Timo Torikka, François Frapier, David Jeanne-Comello, Philippe Mercier

décor Jean Haas

costumes Cidalia Da Costa

lumières Fabrice Fontal

son Jean-Noël Françoise / régie Tom A Reboul

maquillage Catherine Saint-Sever

régie générale/plateau Florian Von Künssberg

Production Panta-théâtre

La compagnie Panta théâtre est conventionnée par le Ministère de la Culture – DRAC de Normandie, la Région Normandie, le Conseil Départemental et la Ville de Caen.

Extrait :

7 comédiens qui évoluent sur la scène,

valse interminable des personnages qui oscillent  le temps d’une soirée, de pièces en pièces,

d’un interlude, d’un soir d’été presque…

Hommage au théâtre,

entre considérations, conversations, le temps d’un divertissement au sens pascalien du terme,

avec alternances de tragédie, de comédie,

variations des tons et des complaintes,

des postures et des thèmes : la passion amoureuse,

Astrov
-Baste ! me voilà dégrisé. Vous voyez, je suis sobre, et je le resterai jusqu’à la fin de mes jours. (il consulte sa montre) Donc,je continue. Comme je vous l’ai dit : mon temps est fini ; il est trop tard pour moi…J’ai vieilli, je me suis surmené, je deviens vulgaire ; mes sentiments se sont émoussés,
et je me crois incapable d’un attachement quelconque… Je n’aime personne…et je ne pourrai plus aimer.Seule la beauté m’émeut encore. Elle seule ne me laisse pas indifférent.Il me semble que si Elena Andréevna en avait envie, elle pourrait me faire perdre la tête en un seul jour. Mais ce
ne serait pas de l’amour, ce ne serait pas un attachement…
Il tressaille et se cache les yeux de la main.la confession, le désespoir,

ÉLÉNA : Il me semble que la vérité, quelle qu’elle soit, c’est tout de même moins terrible que l’incertitude.
(…)
SONIA : Non, l’incertitude c’est mieux… il y a l’espoir au moins…l’envie de meurtre, le suicide, « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? »

palette d’émotions cornéliennes,

le tout arrosé bravement de vodka et d’ivresse passagère,

Sonia, retenant sa main
non, je vous en prie, je vous en supplie, ne buvez plus !
Astrov
-Pourquoi ?
Sonia
-Cela ne vous va pas du tout ! Vous avez de la distinction, une voix si douce… Et de tous ceux que je connais, vous êtes certainement le plus beau. Pourquoi voulez-vous ressembler à ces gens ordinaires qui ne ont que boire et jouer aux cartes ? Oh ! ne le faites pas, je vous en supplie ! Vous dites vous-mêmes qu’au lieu de créer,les hommes ne savent que détruire ce que le ciel leur a donné.alors, pourquoi,pourquoi vous détruire vous-même ? Il ne faut pas, je vous en prie, je vous en conjure !
Astrov, lui tendant la main
-Je ne boirai plus. bercé au son du jukebox.

belle illustration de l’âme slave…M.G

La pelle du large/ théâtre.

Grande première pour moi avec ce rendez-vous  inédit avec le théâtre d’objets et très jolie découverte, et quel humour !

La Pelle du Large

De Philippe Genty

D’après l’Odyssée d’Homère

Direction artistique : Philippe Genty

Interprètes version française : Hernan Bonet, Antoine Malfettes et Yoanelle Stratman/Anne-Cécile Richard

Interprètes version anglaise (Dustpan Odyssey) : Marjorie Currenti, Angélique Naccache, Simon Rann

Interprètes version espagnole (La Llamada del Mar) : Amador Artiga, Marzia Gambardella, Andrès Martinez Costa


« Quelle histoire commune peut faire écho aux thèmes qui nous habitent et nous questionnent : les frontières, la fuite, l’exil, la métamorphose… et en devenir le prolongement ? Romans, contes et légendes, histoires personnelles, textes sacrés, tout y est passé pour retrouver au bout de ce parcours labyrinthique… l’Odyssée d’Homère, comme un texte à jamais nouveau, immémorial et contemporain, un trésor d’images et de récits plus qu’une œuvre de référence.
Cette histoire nous invite à l’interprétation, à l’évasion. Mais il faut aussi s’évader de l’image que nous en avons, ce que le théâtre d’objets rend possible… »

A la tête d’un astucieux navire fait d’une pelle et d’un manche à balai, voguant sur une mer en rideau de douche, partez toutes voiles dehors rejoindre Ulysse et ses compagnons pour une Odyssée en théâtre d’objets aussi drolatique qu’insolite ! Un chef-d’œuvre de la littérature mondiale à découvrir ou redécouvrir !

un spectacle où on retrouve son âme d’enfant,

joyeux jeu de l’imagination qui anime les objets ,

passoire sur la tête devenue casque et incarnation d’Ulysse, dont se pare tour à tour les comédiens, car il faut que chacun puisse jouer le héros!

Le vaisseau est pelle à balayette,

un éventail pour les grands vents…Attention aux tempêtes, le ballon explose, vagues déferlantes et découvertes des îles sur un fond de mer bleue ou_______ de rideau de douche…

Ulysse brave tire-bouchon,

accompagné de ses acolytes surmonte les obstacles et dangers pour retrouver sa Pénélope.

Une lecture très poétique à travers les jeux d’objets et les expressions langagières toujours à propos, références cinématographiques, pour contrer l’appel de la Sirène, se boucher les oreilles, comment ? Une évidence, l’île est un chou vert frisé, alors je vous laisse imaginer…

Honneur aussi Aux Lotophages mangeurs d’oubli, on oublie, on tourne la page on devient alors o/t/a/g/e/s…Ne pas s’effrayer devant le Cyclope, et Circé la magicienne, ne pas céder aux divers envoûtements , reste l’étape des Enfers, les Cimmériens, ambiance nocturne, traversée dangereuse entre un champignon,… une tomate (prête à devenir coulis)..il faut traverser les ponts, les gouffres, les reflets trompeurs et échos…Il faut bien se retrousser « les manches »pour s’affranchir de ces obstacles, retrouver Télémaque, Pénélope, évincer les prétendants ( bougies qui annoncent leur flamme et brûlent à pourpoint d’impatience, drôle vraiment!), pour finir « bassinée » avec Ulysse, des retrouvailles mousseuses…

Du théâtre d’objets sublimé par le jeu des comédiens, à la mécanique bien huilée, qui donne une légèreté et une touche poétique certaine, j’ai adoré le travail des voix des comédiens… surprenant (transformations des textures, intonations, accents de cartoons, parlé-chanté…), et agréable retour en enfance, à l’innocence, le temps d’un répit.

Je n’en dis pas davantage, et vous offre l’extrait :

« Le bonheur est une bulle de savon qui change de couleur comme l’iris et qui éclate quand on la touche. »

la comédie humaine Honoré de Balzac

M.G


 

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