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Lectures indélébiles Ecritures vagabondes

Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

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Lettres à un adolescent, anthologie de Camille Laurens.

Lecture de la soirée,

Jolie anthologie qui regroupe 26 lettres d’écrivains,
26 occasions de lire les liens entre des écrivains et leurs rejetons, les fratries.
En toute simplicité, les petits surnoms, sursauts intimistes…

Lettre à un fils, une fille, une soeur,

de Hugo à sa « Didi »,

de Epicure à Ménécée,

de Colette (mère/Sidonie) à  Colette ( fille),

de F.Mauriac à sa fille et à son fils,

de F.Scott Fitzgerald à sa petite « Scottie »et bien d’autres qui nous laissent entrevoir un fragment, une bribe.
Une sélection éclectique, dont la belle lettre de Rudyard Kipling à son fils John, âgé  alors de 13 ans, en 1910.

« Si… Tu seras un homme, mon fils

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaitre,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils

 

Version  musicale

Monsieur Dk/hommage


En complément :

Le poème original en anglais

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good, nor talk too wise:

If you can dream —and not make dreams your master
If you can think —and not make thoughts your aim
If you can meet Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you’ve spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: “Hold on!”

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings —nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds’ worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And —which is more— you’ll be a Man, my son!

Traduction par Jules Castier (1949)

Cette traduction s’approche du texte initial, sans être littérale puisqu’elle est en vers. À la différence de Jules Castier, André Maurois a réécrit et réinterprété le poème en fonction de la culture et de la sensibilité françaises, ce qui lui donne cet élan si particulier.

Si tu peux rester calme alors que, sur ta route,
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi ;
Si tu gardes confiance alors que chacun doute,
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi ;
Si l’attente, pour toi, ne cause trop grand-peine :
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens,
Ou si, étant haï, tu ignores la haine,
Sans avoir l’air trop bon, ni parler trop sagement ;

Si tu rêves, — sans faire des rêves ton pilastre ;
Si tu penses, — sans faire de penser toute leçon ;
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre,
Et traiter ces trompeurs de la même façon ;
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes
Tordues par les coquins pour mieux duper les sots,
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes,
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux ;

Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes
Et le risquer à pile ou face, — en un seul coup —
Et perdre — et repartir comme à tes débuts mêmes,
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout ;
Si tu forces ton coeur, tes nerfs, et ton jarret

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À servir à tes fins malgré leur abandon,
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l’arrêt,

Hormis la Volonté qui ordonne : “Tiens bon !”

Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre,

Ou frayes avec les rois sans te croire un héros ;
Si l’ami ni l’ennemi ne peuvent te corrompre ;
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop ;
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable

De soixante secondes de chemins accomplis,
À toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, — bien mieux — tu seras un Homme, mon fils.

M.G

Miscéllanées à l’usage des gens heureux (ou désirant le devenir),Agnès Michaux et Anton Lenoir.

Miscellanées à l'usage des gens heureux (ou désirant le devenir) par Michaux

4 ème :

A savourer dans l’ordre ou dans le désordre, à consulter, à méditer, à partager : plus de 300 histoires, recettes, expériences et citations pour atteindre le nirvâna !

MISCELLANÉES n. m. pl., (miscellanea : choses mêlées, miscere : mêler) Recueil de différents ouvrages de science, de littérature, qui n’ont quelquefois aucun rapport entre eux. Cet auteur a donné d’excellents miscellanées. On dit plus ordinairement, Mélanges. On dit aussi quelquefois, Miscellanea.]

d’après le dict. de l’Acad. française, 2ème éd., 1878.

Compilation de moments,
anecdotes,
recettes,
évidences
pensées…piochées dans un tas de domaines: littérature, cinéma, philosophie..

répartis sous 4 sections:

I. Où l’on reviendra humblement à la source pour étancher comme il se doit une soif éternelle et légitime.

II. Où l’on se penchera éffrontément et voluptueusement sur la place qui convient aux sens et à tout ce qui leur est agréable.

III. Où l’on observera minutieusement chez l’autre ce que l’on souhaite ardemment pour soi et inversement.

IV. Où l’on parcourra le vaste monde et non moins vaste ensemble de petites choses qui le composent pour atteindre allègrement son but.

Disparate,

les extraits et citations sont bien choisis,

mais je n’ai pas aimé l’assemblage tel quel, pas tant que je recherchais une unité, juste que c’est le genre de livre que j’apprécie pour jongler d’un article à un autre, rebondir, et là…je ne m’y retrouve pas, pourtant de jolies alternances de longueurs, des jeux des polices, de la couleur…

 Il s’agit davantage de proposer une photographie pêle-mêle du bonheur :

attentes, exigences, ou relâchement de soi,

ce n’est pas une méthode ou un livre qui recense comment y accèder,

c’est plutôt un hommage pluriel, une anthologie dédiée au bonheur et à ses diverses expressions (art, cinéma, littérature, philosophie…) ,

 sous formes d’extraits choisis, PUZZLE de définitions,versant géographique et appellations des rues, villages,

topographie même,

proverbes, entre aphorismes au rapport mélodieux et refrains musicaux recensés,

car « il en faut peu pour être heureux », « be happy »,

de la méthode Coué à la recette préférée de James Bond,

de Flaubert à Houellebecq, Camus, Rousseau, Roland Barthes, La Bruyère,

Monroe, Einstein, et bien d’autres, cet état de grâce ne cesse d’interroger…

M.G

Pause poétique..Claude Esteban

Un titre de recueil ténébreux La mort à distance qui ne doit pas faire fuir, il revêt une allure testamentaire, de par son contexte,composé en cinq parties, il promène le lecteur de vers minimalistes  de type « haikus » en  récits de vers, moments de prose et de musicalité qui personnellement me touche, quelques extraits :

 

« L’espace

était pour eux tous, les hommes,

les oiseaux, les étoiles,

ici, l’air devenait irrespirable » P 15

 

« Je mettais le temps du verbe

au passé

ma phrase perdait un peu

de son assurance »

« Un arbre

n’est jamais plus vrai

que dans le rêve de ce jardin fou

qu’on invente »P 31

« Tout avait commencé

par un balbutiement de syllabes

puis

le mot tout entier, la phrase

comme un cantique

je me souviens »P 41

 

 

« Avec le poids,jour

après jour,de cette pierre infinitésimale

au ventre

ce grain de sable

immense

dans la pensée » P 48

« Peut-être que la couleur

a déserté les arbres

peut-être que la douleur

est un paysage

illisible

peut-être qu’il n’y a plus

personne

dans le jardin »P 56

 

« J’invente

je ne sais quoi

je suis heureux, j’avance

comme dans un rêve et je sais qu’il s’agit toujours

du même rêve et je l’écris »P 136

 

« Les souvenirs n’ont pas d’espace à eux, ni de remparts qui les défenden tet quand on les a retenus trop longtemps quelqu’un, au-dedans de nous, s’impatiente et les chass emais l’autre, celui qui ne veut pas mourir, s’attache alors à retrouver ne serait-ce qu’une odeur, un bruissement de bruyère

un semblant de bonheur

entre les doigts » P 144

 

Ce qui beau avec la poésie c’est comment elle peut d’un rien…  émouvoir, toucher, vous la trouvez « belle » juste »…vous restez fasciné… comme devant une oeuvre d’art sans pouvoir toujours vous l’expliquer, un pieux mélange de magie et de pouvoir évocateur.

 

 

 

 

 

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