Forcément, en commençant cette lecture, j’avais en tête Noir Désir,

Le vent nous portera par Moyes

Je n’ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu’on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien là
Le vent nous portera….

1930,

les Etats Unis,

le contexte d’une bourgade charbonnière et les aléas des mines, le monopole et le rapport du patron à ses ouvriers, larbins,

esclaves presque,

l’ambiance toujours un brin raciste, il fait bon vivre..au Kentucky,

« Mais puisque je vous dit que c’est une bibliothèque pour Blancs…
– Les choses changent.
– Allez dire ça aux encapuchonnés quand ils viendront défoncer notre porte. »

Alice notre Anglaise un peu trop impétueuse, convole en juste noces avec un bel Américain, une planche de salut pour elle, dont le quotidien, partir en coup de vent

La vie conjugale, lui avait-on dit, serait une aventure. Un voyage vers un nouveau pays ! Elle avait épousé un Américain, après tout. Une nouvelle gastronomie ! Une nouvelle culture ! De nouvelles expériences ! Elle s’était imaginée à New York, impeccable en tailleur deux-pièces, dans des restaurants animés et sur des trottoirs fourmillants. Elle écrirait en Angleterre, se targuant de ses nouvelles expériences.

et les règles familiales étriquaient, une honorable sortie qui convient à tous apparemment. Etre dans le vent

« Chère Alice,
Je suis désolée que la vie maritale ne soit pas à la hauteur de tes attentes.
(…)
Si tu choisis malgré tout de revenir sans ton époux, je dois t’informer que tu ne seras pas la bienvenue ici.

Ta mère qui t’aime »

Alice se voit déjà partir à l’aventure et découvrir tout un paysage, mais voilà, elle se retrouve peine campagne, au gré du vent endossant le rôle d’épouse traditionnelle, grandes désillusions le vent tourne, avec un beau-père tyrannique.

Heureusement il y a ce projet un peu fou de Roosevelt, pour promouvoir l’alphabétisation, une bibliothèque itinérante, où des femmes partent livrer: délivrer chez les habitants des livres, bd, documentaires, aux coins les plus reculés..Une entreprise ambitieuse et délicate car enfin, les femmes ne sont pas destinées à d’autres fonctions que celle de procurer un bonheur marital et cette initiative va leur coûter cher…sentir passer le vent du boulet..

Un roman d’apprentissage, aux échos d’émancipations féminines marcher contre le vent aux références littéraires multiples hommage à la littérature, une invitation à voir où le vent nous portera, se laisser porter oui, éviter les bourrasques. De quoi méditer, une écriture toujours aussi fluide et agréable avec Jojo,

M.G