Première en littérature arabe,

acquis grâce à l’opération Masse Critique de Babélio que je remercie une fois encore, et les éditions Moires pour leur petite attention, un petit mot personnalisé et une carte de visite jointe.

Une maison que je méconnaissais.

Une couverture de bonne facture, ton bleu pâle, un format poids plume pour ce recueil qui se compose de deux pièces de théâtre.

Ce livre a été publié avec le soutien du CNL,  sélectionné par le Rectorat de bordeaux dans le programme « A la découverte des écritures contemporaines pour le théâtre » pour les collèges et lycées 2017-2018.

SOUS LE PONT : « Tu devrais venir en Syrie, toi ! Tu vas être heureux, tu verras c’est quoi une vie de chien. » C’est ainsi que parle Jamal, énième réfugié qui a la chance, ici, d’avoir un nom, à moins que celui-ci ne soit pas vraiment le sien. 

Inauguré par un petit mot « d’Avant-scène » p.9, le dramaturge évoque la genèse de ses pièces, retraçant les derniers événements historiques et le territoire d’expression

Sous le pont par Khallouf de la langue, espace de passation de pouvoirs.

« J’ai trouvé dans la traduction un semblant de continuité, un trait d’union entre ces deux mondes, un moyen de dépasser l’expérience de l’asile et d’accéder à ce troisième pays qu’est la langue.En 2011, les Syriens sortent dans les rues pour les mêmes raisons qui m’ont poussé à partir il y a huit ans. »p.9

Il s’agit davantage du « traitement théâtral de ce récit en langue arabe et en langue française » d’un « trait d’union »,

« Je voulais que ce récit soit une mémoire artificielle d’une horreur bien vraie. »p.12.

Sous le pont, 32 pages, d’un seul trait,…dédicace ou oraison funèbre, le ton est donné,

« A tous les noyés », ce pourrait être à toutes les situations de désespoir,

7 personnages jalonnent et rythment la pièce dont deux curiosités, « Le metteur en scène « et « l’auteur », un goût de mise en abyme pour des êtres cabossés par la vie.

Présage funeste encouragé par le seul personnage de l’homme au pistolet dont on se doute bien,qu’il sera antipathique.Des réflexes d’agressivité face à l’étranger, du récit de l’exil, de la misère, de la question de l’asile et de la torture. »Pendant l’interrogatoire. Ils m’ont demandé  » Qui est ton Dieu? » J’ai dit le Président Bachar al-Assard »p.39« Mon tour eest arrivé. Ils ne m’ont pas tapé tout de suite, ils étaient en train de fumer, ils m’ont demandé de m’allonger sur le ventre et ils ont éteints leurs cigarettes sur mon dos. »‘Je te jure que je ne le déteste pas. »

Heureusement le religieux est là, il faut avoir confiance mon frère, Jamal…Le sursaut d’humanité revient avec l’arrivée impromptue du « metteur en scène » et de » l’auteur » qui se disputent face au public, il faut bien rendre des comptes devant la détresse humaine, davant le spectacle qu’offre la rue, les fosses dont on détourne les yeux « Vas-y ! Regarde-les dans les yeux et explique-leur ta démarche. » L’auteur « C‘est vraiment important ? ça ne serait pas possible de les (spectateurs) laisser dans le brouillard artistique? » d’autres scénarii « D’accord. Si celui-là ne marche pas, on a qu’à l’enlever et recommencer avec un autre dès le début »p45 « Pas besoin de réfléchir. On va lui donner une mort magnifique, honorable, une mort que personne n’a eue avant lui ».

Il faut bien trouver une issue, une fin avant de sombrer dans le Noir, avant que le rideau ne tombe et n’occulte la scène.

Le gant ..version musical, un duo, le pianiste et le chanteur, le père et le fils pour un nouveau récit de vie,  un syrien, victime d’un accident de travail après trente années passées en France retourne au pays, laissant femme, enfant, piano,

quand l’objet, la piano apprivoise la mémoire, quand il rejoue le drame, la fausse note,

9 pages,

pour finir une composition à quatre mains, entrecoupée de morceaux.. »Je joue sur mon piano. Tout revient, tout est là. Sauf moi. Sauf moi. »

Deux pièces très courtes et percutantes, qui donnent matière à réflexion, et dont le spectacle et la sortie musicale sont prévus pour…2018…..

M.G