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Journal de bord des lectures, critiques et moments d'écritures

Les taches du léopard, Françoise Giroud.

«Pourquoi le léopard a-t-il des taches?» Les nombreux parents plongés dans... (Photo: Archives AP)

« À l’origine, Denis était de la chair à malheur et aurait dû le rester. L’enfant était « né sous X », c’est-à-dire d’identité non déclarée, abandonné à sa naissance par sa mère.
Or, le bébé malingre promis à une triste destinée était devenu ce beau jeune homme doré, ardent, audacieux, rieur, sain de corps et d’esprit, adulé par des parents attendris – un magistrat, une avocate, des chrétiens de gauche bon cru. Lui avait un visage maigre et sensible, intelligent, tourmenté ; elle, un lourd chignon blond qui croulait sans cesse, et alors, avec ses joues à peine poudrées et ses yeux larges, très bleus, elle semblait une adolescente. » 

« Le poil sera sombre, mais les yeux seront bleus, je crois, avait dit la femme de la Ddass. »

« Il se sentait préposé au bonheur. » _______
Mais,
il y a toujours un « mais » bien contrariant,
« Depuis vingt ans, les Sérignac s’étaient souvent interrogés, surtout au début : fallait-il prévenir Denis qu’il était un enfant adopté ? Et puis, devant la résistance d’Agnès, le couple avait refoulé toute velléité de lui révéler le secret de sa naissance. Un secret bien gardé, d’ailleurs. Mis à part la sœur d’Agnès et son médecin, nul n’était au courant ni ne s’était d’ailleurs étonné qu’il y eut un jour un bébé au foyer des Sérignac. La vérité avait été si profondément enfouie qu’on l’aurait crue dissoute. Mais la vérité que l’on cache ne se dissout jamais. p.18 »
Cela débute presque comme un conte de fées…Un enfant abandonné et recueilli par une
bonne famille,
tout pour être heureux,
si ce n’est le secret de l’origine,
comme si le léopard pouvait s’épargner ses taches,
comme si sa judaïcité, cet héritage pouvait être anodin,
«Si tu portes mon nom, tu hériteras d’un fardeau de larmes, la fin d’un certain bonheur, d’une certaine insouciance, d’une joie de vivre (…) c’est pourquoi il y a vingt ans, je n’ai pas voulu de toi. Je n’ai pas voulu mettre un enfant juif au monde », hurle Sarah, la vraie mère, à Denis
et,
est-ce que cette révélation à ses vingt ans doit tout bouleverser pour autant, tragique en un sens..une quête d’identité, troublée et amenée par des exils à répétition : en devenant citoyen du monde peut-on renier son héritage, fuite en avant, une histoire de pères, de mères et de racines transgénérationnelles qui semblent courir indéfiniment, destin fatidique, tout en interrogeant savamment, un beau roman que j’ai apprécié.
Réf : Françoise GiroudLes Taches du léopard par Giroud
2003, Editions Fayard. 258 pages
M.G

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