Trouvé ce titre,

dans un souffle,

dépaysement insulaire,

direction le Japon,

une question de directions,

d’équilibre,

à travers un récit introspectif aux allures de conte, rythmé par les entraînements au dojo, entre cérémonial et solennité,

« Tout au long de notre vie nous nous déplaçons sur l’une ou l’autre des diagonales de notre attracteur étrange ; nous y rencontrons des personnages énigmatiques qui bornent notre destin, nous renvoyant une image déformée des contradictions dans lesquelles nous sommes pris » p.42.

l’art du tir à l’arc comme prétexte et encouragement aux méditations, comme art de vivre même,

« Je cherchais cela : la lumière. Non pas la brûlante lumière de la vérité, mais l’éclat de la lune ; une étincelle enfouie au fond de mon être, réveillée par la magie d’un tir. p.20″,

entre imaginaire et réel, invasions d’ombres fantomatiques des ancêtres, bercé par une culture nipponne troublante,

« Je devais prendre garde à ne pas clouer mes pensées sur cette fuite ; m’échapper, oui, mais par l’esprit; le faire voler ailleurs »p.93

la précision, « De mes lectures il ressortait qu’il était question dans l’art du tir à l’arc de quitter l’état de vague particulière pour rejoindre l’onde primitive et ailleurs de devenir animal, mélange de tigre et d’oiseau.p.21

le lâcher, au sens propre et figuré,

métaphoriquement,

les gestes,

plus ou moins assurés,

il faut persévérer,

quitte à être perplexe

« Je m’éveillais au petit matin, dans ce dojo de Kyoto, bandant un arc, et j’avais l’impression par ce geste absurde de participer de façon minuscule à l’équilibre du monde.p .35. »face aux incongruités locales

,« On pourrait croire qu’au pays des bonsaïs la circulation des vélos est organisée aussi méticuleusement que celle de la sève des arbousiers. Elle est soumise à un arbitraire total, qui croît à mesure de l’âge des protagonistes et de l’éloignement de la capitale pour atteindre un paroxysme à Kyôto, chez l’octogénaire, dont la conduite atteint une perfection pareille à celle des vieux calligraphes : débarrassée de toutes les fioritures, libérée de l’attachement à la réalité, elle consiste à tracer son chemin en ligne droite en fonction du but à atteindre sans tenir aucun compte ni des sens interdits, ni des voitures, ni des piétons, ni a fortiori des autres vélos. L’allure de ces obâsans est celle d’un char d’assaut : elles parviennent à donner à leur silhouette minuscule un volume insoupçonné en déployant de part et d’autre de leur destrier de métal leurs coudes et leurs genoux comme des ailerons, et en poussant en avant leurs épaules rachitiques, dans lesquelles elles rentrent des têtes d’oiseaux de proie impassibles. On les voit souvent rouler à contresens sur des artères où déboulent une file de bolides qu’elles ignorent majestueusement. Ponctuellement elles se précipitent sur un piéton ; si celui-ci a le malheur de rester sur le trottoir, elles font mine de s’écraser sur l’avenue, freinent laborieusement quelques mètres plus loin et restent ainsi au milieu de la route, proférant sans même se retourner de vagues malédictions contre l’imprudent.
Leur exemple est suivi très tôt par les écolières les plus inoffensives : elles développent une indifférence au sens de la circulation qui trouve son achèvement à Kyôto, où s’est développé au plus haut point l’art du contresens.
Cet art est condensé dans le tir à l’arc japonais : atrocement simple, puisque l’acte de plier l’arc à l’envers de sa courbure naturelle pour y tendre la corde signe le moment où vous vous enfoncez dans l’envers des choses, et délicieusement compliqué, car vous devrez non pas bander l’arc, mais entrer en son intérieur. Plutôt que d’actionner vos muscles vous devrez utiliser votre souffle et vos os. Votre main gauche tiendra l’arc sans le tenir ; votre main droite qui, dans l’ordre du visible, tire la corde, devra pousser la poignée et votre main gauche qui, objectivement, pousse l’arc, devra « en esprit » tendre la corde. Cet océan de contradictions, qui donnerait des vertiges au loup de mer le plus amariné, est résumé dans la façon dont les flèches sont disposées avant le tir : la première regardant la cible, l’autre visant la direction opposée. »

« Les hommes ici habitent des mythes dont le cote vraisemblable ne les gêne pas le moins du monde .p.10

 » Notre vie est une odyssée, tour à tour minable et grandiose. Même réduit à une existence larvaire chacun peut vivre les dilemmes des héros.p.16″

 

L'art du contresens par Eggericx

Collection jaune

128 p.

14,20 €

Epub : 9,99 €

PDF : 9,99 €

ISBN : 978-2-86432-612-0

Parution : août 2010

4 ème :

« Un voyage dans le temps et dans l’espace tissant l’expérience concrète – celle de l’apprentissage du tir à l’arc japonais – avec l’introspection individuelle et l’histoire collective.
Un récit de voyage qui est aussi une histoire d’amour et une méditation ponctuée par des éclats de rire ; un voyage à contresens sur l’île la plus propice aux contresens : le Japon. »Sélection des libraires Fnac 2010.

Autres extraits :

« Ce mélange de drame et de comédie reste mystérieux jusqu’à ce qu’un souffle s’en empare, l’élève, l’écarte par les deux bouts et n’en maîtrise les croix intérieures, avant qu’il ne jaillisse dans la flèche du temps.p.30″

« Je m’étais intéressé à la physique par l’intermédiaire de Houellebecq; son nihilisme méthodique, la fantastique haine de soi….p.34 »

Un joli style, un bref glossaire pour finir,

que le dépaysement soit total,

pour prolonger l’éveil,Résultat de recherche d'images pour "tir a l'arc japon"

Vincent Eggericx et L’art du contresens :http://www.dailymotion.com/editions-verdier

et pour aller plus loin,

trouver la voie…Résultat de recherche d'images pour "archer japon"

http://www.fascinant-japon.com/kyudo-voie-arc/

M.G